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le conseil en Agriculture

Date post: 26-Nov-2023
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Revue bibliographique sur les recherches menées dans le monde sur le conseil en agriculture Résumé Le conseil en agriculture est pre ´sente ´ comme e ´tant d’importance strate ´gique pour les agriculteurs. Il est un moteur essentiel du processus d’innovation en agriculture. Cependant les e ´volutions des contextes nationaux et mondiaux dans lesquels s’inscrivent les exploitations agricoles engendrent de profonds changements dans l’orientation des dispositifs de conseil, leur organisation et leurs me ´thodes d’intervention. Bien que le the `me du conseil agricole ait fait l’objet d’une multitude d’articles de recherche au cours des dernie `res de ´cennies, peu d’e ´tudes dressent un panorama des apports et des de ´bats dans la litte ´rature scientifique. Ce travail, fonde ´ sur une ample revue de la litte ´rature, couvre une pe ´riode de dix ans. Il vise a ` caracte ´riser les grandes the ´matiques de recherche lie ´es au conseil agricole, ainsi que les principales e ´quipes implique ´es dans ces travaux. Les de ´bats en cours, ainsi que les disciplines, les me ´thodes, les objets et les postures de recherche sont analyse ´s autour de quatre grands the `mes : i) l’environnement et les arrangements institutionnels ne ´cessaires pour assurer le fonctionne- ment d’un syste `me de conseil ; ii) les compe ´tences mobilise ´es dans le cadre du conseil ; iii) les de ´marches, les me ´thodes, les outils et le contenu du conseil ; iv) l’e ´valuation et les impacts des syste `mes de conseil. Cette synthe `se offre une large vision des travaux de recherche conduits dans la sphe `re scientifique internationale, et permet de mieux positionner de futures recherches a ` mener dans le domaine du conseil agricole. Mots cle ´s : apprentissage ; conseiller agricole ; politique agraire ; synthe `se ; vulgarisation. The `mes : e ´conomie et de ´veloppement rural ; me ´thodes et outils. Abstract Agricultural extension and advisory research: A review of international literature Agricultural advisory services are perceived as being of strategic importance for farmers. They are a key driver for promoting innovative processes. However, changes in national and global contexts of which farms are a part are causing dramatic changes to the orientation of advisory services, their organization and their methods of intervention. Although many articles have been written in recent decades on agricultural advice, few studies provide an overview of contributions and debates existing in the scientific literature. This work, based on an extensive literature review covering a period of ten years, aims at characterising the major research topics related to agricultural advice and the main teams involved in this work. The ongoing debates and disciplines, methods, objects, schools of thought and research positions are analysed under four main themes: i) the institutional environment and institutional arrangements necessary for the operation of an advisory system; ii) the skills deployed in advisory activities; iii) the approaches, methods, tools and content of the advisory activities; iv) the assessment and impacts of advisory systems. This synthesis offers a broad view of research conducted in the international scientific community. It paves the way for conducting future research in the field of agricultural advisory services. Key words: advisory officers; agrarian policies; extension activities; learning; review. Subjects: economy and rural development; tools and methods. Guy Faure 1 Yann Desjeux 2 Pierre Gasselin 3 1 Cirad UMR Innovation 79, rue Jean-Franc ¸ois Breton TA 85/15 34398 Montpellier cedex 5 France <[email protected]> 2 Inra UMR 1302 SMART 4, all ee Bobierr CS 61103 35011 Rennes cedex France <[email protected]> 3 Inra UMR 951 Innovation Bâtiment 27 2, place Viala 34060 Montpellier cedex 1 France <[email protected]> Pour citer cet article : Faure G, Desjeux Y, Gasselin P, 2011. Revue bibliographique sur les recherches menées dans le monde sur le conseil en agriculture. Cah Agric 20 : 327-42. doi : 10.1684/agr.2011.0510 Tirés à part : G. Faure doi: 10.1684/agr.2011.0510 327 Cah Agric, vol. 20, n8 5, septembre-octobre 2011 Synthèse
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Revue bibliographiquesur les recherches menées dans le monde

sur le conseil en agriculture

RésuméLe conseil en agriculture est presente comme etant d’importance strategique pour lesagriculteurs. Il est unmoteur essentiel duprocessus d’innovationen agriculture. Cependant lesevolutions des contextes nationaux et mondiaux dans lesquels s’inscrivent les exploitationsagricoles engendrent de profonds changements dans l’orientation des dispositifs de conseil,leur organisationet leursmethodesd’intervention.Bienque le themeduconseil agricole ait faitl’objet d’unemultitude d’articles de recherche au cours des dernieres decennies, peu d’etudesdressentunpanoramadesapports etdesdebatsdans la litterature scientifique.Ce travail, fondesur une ample revue de la litterature, couvre une periode de dix ans. Il vise a caracteriser lesgrandes thematiques de recherche liees au conseil agricole, ainsi que les principales equipesimpliquees dans ces travaux. Les debats en cours, ainsi que les disciplines, les methodes, lesobjets et les postures de recherche sont analyses autour de quatre grands themes : i)l’environnement et les arrangements institutionnels necessaires pour assurer le fonctionne-ment d’un systeme de conseil ; ii) les competencesmobilisees dans le cadre du conseil ; iii) lesdemarches, lesmethodes, les outils et le contenu du conseil ; iv) l’evaluation et les impacts dessystemes de conseil. Cette synthese offre une large vision des travaux de recherche conduitsdans la sphere scientifique internationale, et permet de mieux positionner de futuresrecherches a mener dans le domaine du conseil agricole.

Mots cles : apprentissage ; conseiller agricole ; politique agraire ; synthese ; vulgarisation.

Themes : economie et developpement rural ; methodes et outils.

AbstractAgricultural extension and advisory research: A review of international literature

Agricultural advisory services are perceived as being of strategic importance for farmers.They are a key driver for promoting innovative processes. However, changes in national andglobal contexts of which farms are a part are causing dramatic changes to the orientation ofadvisory services, their organization and their methods of intervention. Although manyarticles have been written in recent decades on agricultural advice, few studies provide anoverview of contributions and debates existing in the scientific literature. This work, basedon an extensive literature review covering a period of ten years, aims at characterising themajor research topics related to agricultural advice and themain teams involved in thiswork.The ongoing debates and disciplines, methods, objects, schools of thought and researchpositions are analysed under four main themes: i) the institutional environment andinstitutional arrangements necessary for the operation of an advisory system; ii) the skillsdeployed in advisory activities; iii) the approaches, methods, tools and content of theadvisory activities; iv) the assessment and impacts of advisory systems. This synthesis offers abroad viewof research conducted in the international scientific community. It paves thewayfor conducting future research in the field of agricultural advisory services.

Key words: advisory officers; agrarian policies; extension activities; learning; review.

Subjects: economy and rural development; tools and methods.

Guy Faure1

Yann Desjeux2

Pierre Gasselin3

1 CiradUMR Innovation79, rue Jean-Francois BretonTA 85/1534398 Montpellier cedex 5France<[email protected]>2 InraUMR 1302 SMART4, all�ee BobierrCS 6110335011 Rennes cedexFrance<[email protected]>3 InraUMR 951 InnovationBâtiment 272, place Viala34060 Montpellier cedex 1France<[email protected]>

Pour citer cet article : Faure G, Desjeux Y, Gasselin P, 2011. Revue bibliographique sur lesrecherches menées dans le monde sur le conseil en agriculture. Cah Agric 20 : 327-42.doi : 10.1684/agr.2011.0510Tirés à part : G. Faured

oi:10.1684/ag

r.2011.0510

327Cah Agric, vol. 20, n8 5, septembre-octobre 2011

Synthèse

L e conseil en agriculture est gene-ralement percu par les acteurs dudeveloppement agricole comme

une composante importante de l’ame-lioration des performances des exploi-tations, notamment parce qu’il contri-bue a tisser des liens entre les agricul-teurs, la recherche, l’enseignementagricole, et d’autres acteurs de lasociete. Toutefois, les activites deconseil agricole sont regulierementquestionnees quant a leurs capacitesa repondre aux attentes diverses, etparfois contradictoires, des produc-teurs, des acteurs des filieres agricoleset des territoires, des administrationsdel’Etat et de differents collectifs quisouhaitent orienter les activites dusecteur agricole. Ce debat s’inscrit dansun contexte marque par le desengage-ment des Etats des services aux agri-culteurs et par la reconnaissance desenjeux du developpement durable enmilieu rural, impliquant un elargisse-ment des activites de conseil au-dela dela production agricole. Au plan scienti-fique, ce debat se traduit par desquestionnements sur le renouvelle-ment des methodes d’accompagne-ment des producteurs, la gestion descompetences des acteurs fournissantdu conseil, l’evolution des dispositifsd’intervention, les modifications desarrangements institutionnels qui deter-minent la nature des relations entreacteurs du conseil ou l’evolution despolitiques publiques concernant leconseil. Les impacts du conseil sur lesexploitations, les menages mais aussisur les territoires ou les filieres sontquestionnes. Certaines etudes presen-tent les themes des articles publiesdans le cadre d’une revue specialiseesur le conseil (Haug, 1999). Desouvrages recents offrent une lecturedes enjeux structurant la reflexionsur l’innovation et le developpe-ment avec un regard sur le conseil(Sanginga et al., 2009 ; Scoones etThompson, 2009 ; Hoffmann et al.,2009 ; Compagnone et al., 2009). Maisaucun de ces travaux ne dresse unpanorama des apports et des debatsdans la litterature scientifique ens’appuyant sur une revue bibliogra-phique. Sur la base d’une telle etude,l’objectif de l’article est d’identifier lesgrandes questions de recherche endebat dans le domaine du conseilagricole, afin de fournir in fine deselements utiles pour l’orientation defutures recherches.

A ce stade, nous souhaitons preciser lesens que nous donnons au concept de« conseil en agriculture » qui va guidernotre analyse. Le conseil recouvre a lafois :– les acteurs impliques dans l’activitede conseil ainsi que les relations qu’ilsentretiennent entre eux et avec l’exte-rieur, les moyens et activites mis enœuvre, et les regles definies pouratteindre les objectifs qu’ils se sontfixes ;– les methodes qui correspondent aun ensemble de principes d’interven-tion et d’outils mis en œuvre par lesacteurs du conseil pour creer desconnaissances, savoirs et savoir-fairedans des situations d’apprentissageindividuel et/ou collectif.L’agriculteur peut acceder a plusieurstypes de conseil definis tant par leurcontenu (technique, economique,social, environnemental, etc.) que parla maniere de le fournir (diffusiond’information et de techniques, renfor-cement des apprentissages, accompa-gnement des interactions entre acteurs,etc.). Le conseil peut etre fourni pardifferentes categories d’acteurs du sec-teur public et/ou prive (entrepreneu-rial, cooperatif ou associatif). Il n’existepas de traduction anglaise simple duterme « conseil ». Ainsi, les auteursanglophones utilisent de maniere rela-tivement indifferenciee les termes« extension » ou « advisory service »frequemment associes avec d’autrestermes comme « learning », « know-ledge » ou « innovation system ».Notre analyse concerne la productionscientifique publiee entre 1998 et2008, et accessibles via les cataloguesbibliographiques CAB, ECONLIT etWeb of Science. Ainsi n’ont pas eteconsiderees les productions academi-ques absentes de ces bases de don-nees ainsi que les productionsappartenant a la « litterature grise »(rapports d’institutions, documents detravail, memoires d’etudiants). Cechoix permet de caracteriser les debatsdans lemonde scientifique grace a uneanalyse portant sur un nombre dereferences gerable. Les interrogationsdes catalogues ont ete effectuees surdes mots cles affines par iteration,derives de « agricultural extension »ou « farm advice », sur des ecrits enlangues anglaise, francaise ou espa-gnole. Au total, 2 065 references ontd’abord ete relevees et explorees, afinde ne retenir dans une seconde etape

que 735 productions (articles, commu-nications et ouvrages) abordant expli-citement le conseil agricole.Apres lecture des resumes, nous avonsidentifie les grandes thematiques abor-dees dans l’ensemble des documents(tableau 1) et nous avons selectionne105 articles publies, en fonction del’interet des resultats exposes parrapport a ces grandes thematiques,de la mise en debat des resultats parrapport a des controverses passees oupresentes mais aussi en fonction de larepartition geographique des institu-tions d’appartenance des auteurs aumoment de la redaction des articlesconcernes. Nombre des auteurs identi-fies publient egalement dans le cadred’institutions de developpement,notamment internationales (Banquemondiale, FAO) ce qui explique pour-quoi certains debats sont similairesdans les spheres de la recherche etdans les spheres du developpement,notamment ceux portant sur les ques-tions institutionnelles. Bien que lescatalogues bibliographiques mention-nes ci-dessus aient ete explores surla periode 1998-2008, il nous estapparu pertinent de considerer egale-ment quelques references pharespubliees en 2009 (principalement desouvrages).Une analyse du contenu de ces refe-rences nous a permis de preciser lesquestions qui nous paraissent emergeret que nous souhaitons traiter dans lecadre de cette revue bibliographique :– quelles sont les consequences dudesengagement des Etats sur l’organi-sation du conseil, et notamment sur lesrelations entre les acteurs intervenantdans le champ du conseil ?– quelles sont les evolutions descompetences des conseillers et deleurs relations avec les producteurspour mieux prendre en compte lesenjeux du developpement durabledans les activites de conseil ?– quelles sont les evolutions desdemarches de conseil dans un contextede plus grande diversite des demandesadressees aux acteurs du conseil par lesproducteurs mais aussi par d’autresacteurs de la societe ?– quelle est la nature du debat surl’importance des impacts du conseilsur les exploitations agricoles et sur lesmethodes pour evaluer ces impacts ?Ce travail bibliographique n’a pas lapretention de faire un etat de l’artexhaustif des questions de recherche

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liees au conseil agricole mais dedresser un panorama des debats scien-tifiques concernant le champ duconseil en agriculture en ponderantl’importance relative de chacun d’entreeux. Apres une presentation rapide desdocuments selectionnes, nous analy-sons les thematiques abordees dans lesarticles.

Analyse quantitativedes documentssélectionnés

Les supports de publication des 735references sont divers avec :– des revues nationales ou interna-tionales avec ou sans facteur d’impact(569 references, dont 118 publieesdans des revues a facteur d’impact) ;– des seminaires et conferences (105communications) ;– des ouvrages (61 ouvrages ou chapi-tres d’ouvrages).Les deux tiers des 735 referencesabordent simultanement plusieursthematiques de recherche, confirmantle caractere transversal, et souventpluridisciplinaire, des recherches surle conseil agricole (tableau 1). Ledecoupage de la periode etudiee endeux phases permet d’apprecier la

dynamique des travaux de rechercheentrepris sur les diverses thematiques.On note ainsi un accroissement dansle temps des travaux portant sur lesarrangements institutionnels et surl’evaluation.Onzepayspresentent des auteurs ayantsigne ou cosigne au moins trois articles(tableau 2). Il existe une productionscientifique significative aussi biendans des pays agricoles du Sud queduNord. L’analyse de la liste des revueset des institutions des auteurs, montreque de nombreuses disciplines sontrepresentees (economie, sociologie,agronomie, ergonomie, gestion, scien-ces de l’education, sciences politiques).Plus de la moitie des references selec-tionnees (55 %) traitent des problema-tiques de conseil a l’agriculture en Asieet en Afrique (tableau 3). Cependant,107 articles classes comme « non definiou divers », traitent simultanement deplusieurs continents et/ou de plusieurssituations localisees sur des continentsdifferents. Ces articles sont de naturetheorique ou synthetique.

Analyse qualitativedes thématiques

Dans cette partie nous repondrons auxquatre questions que nous avons

identifiees en traitant successivement :i) des changements institutionnels dansle champ du conseil ; ii) du metier etdes competences des conseillers ; iii)des methodes et outils du conseil ; iv)de l’evaluation du conseil.

Les changementsinstitutionnelsNous montrerons que les debatsportant sur les changements institu-tionnels interrogent : i) la place duconseil dans les systemes d’innova-tion ; ii) l’interet de la privatisation duconseil ; iii) les nouvelles relationsentre acteurs du conseil ; iv) lesmodalites de financement du conseil ;et enfin v) les categories de personnesconcernees par les activites de conseil.

Le conseil comme élémentd'un système d'innovation

Une partie de la litterature montre quele conseil n’est qu’une composanted’un systemeplus vaste. Ainsi, Roling etGroot (1998) considerent que lemondeagricole forme un systeme d’informa-tion et de connaissances agricoles etmettent l’accent sur les liens quiunissent les acteurs, leur permettantd’echanger et d’apprendre. Dans unelitterature qui prend de plus en plusd’importance, le conseil agricole est

Tableau 1. Répartition des références bibliographiques selon les thématiques et leur dynamique au coursde la période d'étude.Table 1. Distribution of references per tackled issue, and evolution throughout the studied period.

Catégories thématiquesNombre de références sur la période

1998-2003 2004-2008 1998-2008

Environnements et arrangements institutionnels 170 228 398

Politiques et environnements institutionnels 53 68 121

Arrangement institutionnels et organisations 117 160 277

M�etiers et comp�etences du conseil 96 139 235

D�emarches, m�ethodes, et outils du conseil 229 295 524

Besoins et demandes en conseil ou en formation 17 26 43

Productions des savoirs et des connaissances 75 79 154

M�ethodes et outils du conseil 137 190 327

Évaluation et impacts du conseil 71 121 192

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Tableau 2. Principales équipes de recherche travaillant sur le conseil.Table 2. Main research teams working on extension issues.

Pays(nb d'institutions)

Institution(nb d'auteurs avec 3 publications ou plus)

États-Unis (9)

Universit�e d'Urbana Champaign (4)

Universit�e de G�eorgie (2)

Institut Polytechnique de Virginie (2)

Universit�e de Floride (2)

Universit�e du Maryland (1)

Universit�e de Yale (1)

Universit�e de Clemson (1)

Banque Mondiale (1)

USAID (1)

Inde (9)

Universit�e des sciences agricoles de Dharwad (3)

Collège d'agriculture de Hyderabad (2)

Universit�e agricole du Punjab (Ludhiana) (1)

Institut de recherche des zones arides (Jodhpur) (1)

Centre s�ericicole de formation et de recherche de Mysore (1)

Institut indien de recherche agricole (1)

Station de recherches sur le jute de Katihar (1)

Centre national de recherche en politique et �economie agricole (1)

Universit�e d'agriculture et de technologie de Kanpur (1)

Australie (3)

Universit�e de Western Australia (2)

Universit�e du Queensland (2)

Universit�e de Sydney (1)

France (3)

CIRAD (3)

INRA (3)

AgroSup Dijon (ENESAD) (2)

Nigeria (3)

Universit�e du Nigeria (3)

Universit�e de Ibadan (2)

Universit�e de Ilorin (1)

Pakistan (2)Universit�e d'agriculture de Faisalabad (7)

Universit�e d'agriculture de Peshawar (4)

Royaume-Uni (2)Universit�e de Reading (1)

Overseas Development Institute (1)

Allemagne (1) Universit�e de Hohenheim (2)

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partie integrante d’un systeme d’inno-vation (Birner et al., 2009) et les acteursdu conseil jouent alors le role demediateurs entre les parties prenantes.Il n’existe donc pas de limite simple etconsensuelle entre la sphere du conseilet un tel systeme d’innovation.Divers auteurs ont caracterise etevalue les relations entre ces acteurs(Shantanu et al., 2004 ; Sinzogan et al.,2007) ; ils affirment ainsi que le futurdu conseil ne s’inscrit plus dans unservice public unifie, mais dans unreseau multi-institutionnel d’appui a lacreation de connaissances. Quelquesauteurs relatent des experiencesjugees positives d’interactions entreacteurs de differentes natures, commeKibwana et al. (2000) qui analysent lefonctionnement d’une plate-formemultiacteurs permettant de croiserles savoirs « externes » et les savoirs« locaux », en particulier ceux desagriculteurs. Ludwig (2007) auxEtats-Unis et Marsh et Pannell (2000)en Australie montrent l’importance de

susciter des interactions entre lesactivites de recherche et les activitesde conseil, notamment pour faciliter leretour d’experience des producteursvers les chercheurs. De leur cote,Snapp et al. (2003), faisant contre-poids aux perceptions plus positivesdes auteurs precedents, expliquentque chaque acteur d’un systeme deconseil a des priorites differentes, pastoujours compatibles avec un renfor-cement de la qualite et/ou de l’inten-site de son activite de conseil.Dans ce contexte, des questions emer-gent concernant les priorites qui doi-vent orienter le conseil. Ces questionsrenvoient aux relations toujourscomplexes entre producteurs, Etat etsecteur prive qui sont forcement diffe-rentes selon les pays. Ainsi, Swanson(2006) indique que la question d’unconseil oriente par la demande desagriculteurs (demand-driven extensionsystem) ou d’un conseil oriente par lesexigences du marche (market-drivenextension system) est actuellement en

debat. Il affirme que le passage d’unsysteme pilote par l’Etat a un systemepilote par le marche a des resultatspositifs, en particulier dans les pays duSud. De nombreux auteurs plaidentcependant pour le renforcement desystemes de conseil qui repondentdirectement aux besoins des produc-teurs, et specialement despluspauvres,notamment en Afrique (Anderson etFeder, 2004) ou en Asie (Sarju et Singh,2004). Hoag (2005) souligne aussi quedans un systeme public, tel que leCooperative Extension Service auxEtats-Unis, les citoyens devraient ega-lement participer a la definition desorientations. Klerkx et al. (2006) s’inter-rogent cependant sur la pertinencepour les Pays-Bas de l’orientation duconseil par la demande ou par lemarche : d’unepart, dansdes situationsde deficience de marche, les prestatai-res prives peuvent ne pas etre effica-ces ; d’autre part, les interets desagriculteurs ne correspondent pasnecessairement a ceux de la societe

Tableau 2. (Suite )

Pays(nb d'institutions)

Institution(nb d'auteurs avec 3 publications ou plus)

Iran (1) Universit�e Tarbiat Modares (1)

Pays-Bas (1) Universit�e de Wageningen (3)

Suisse (1) Agridea (1)

Tableau 3. Répartition des références bibliographiques selon l'entrée géographique de leur contenu.Table 3. Distribution of references according to their geographic coverage.

Continent d'étude Nombre de référencesrelevées(n = 735)

Pourcentage sur le totaldes références

(%)

Asie 234 32

Afrique 168 23

Am�erique du Nord 86 12

Europe 72 10

Am�erique du Sud 42 6

Oc�eanie 26 3

Non d�efini ou divers 107 14

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dans son ensemble. L’intervention del’Etat s’avere donc toujours souhaitablepour representer l’interet general.

Une privatisation du conseilqui redéfinit la place de l'État

Avec le retrait de l’Etat du conseilagricole mais aussi du fait des faiblesperformances de certains systemespublics de conseil, de nombreusesetudes – par exemple de Rivera etAlex (2004) ou de Swanson (2006) –portent sur les reformes institutionnel-les concernant le champ du conseil,souvent dans le but de fournir desrecommandations utiles auxdecideurs.La privatisation du conseil agricole estainsi au cœur des debats. Anderson etFeder (2004) montrent qu’un systemede conseil peut etre ameliore des lorsqu’il s’appuie sur une offre decentra-lisee de conseils et des operateursprives. Mirani et al. (2007) analysenten Inde le role des firmes privees dedistribution d’intrants et attestent qu’el-les peuvent fournir un conseil tech-nique plus efficace que celui fourni parles agents gouvernementaux. Cepen-dant, Marsh et Pannell (2000) enAustralie ou Labarthe (2005) auxPays-Bas signalent les difficultesengendrees par la privatisation surla diffusion d’innovations complexestouchant l’environnement et les syste-mes de production, la fragmentationdes thematiques du conseil, la reduc-tion des echanges d’information entreagriculteurs, et la selection des agri-culteurs solvables par les fournisseursde service.Cette volonte d’accroıtre la place dusecteur prive, necessite de repenser laplace et le role de l’Etat, du conseilprive, et du conseil public. Certainsauteurs (par exemple, Anderson etFeder, 2004 ; Kidd et al., 2000)considerent que l’Etat a surtout unrole a jouer dans les zones les plusdefavorisees ou pour les producteursles plus pauvres. Cependant, le debatporte largement sur la contractualisa-tion par l’Etat de services de conseilfournis par des acteurs prives. Lesinstitutions gouvernementales sontalors dans une position de comman-ditaires qui devrait permettre d’ame-liorer le conseil et son financement,tout en facilitant la mise en competi-tion des services de conseil et lepartage des couts entre les utilisateursfinaux (Klerkx et al., 2006). Comme le

soulignent Rivera et Zijp (2002), cetteevolutiondemandeuneclarificationdurole des institutions, le developpementd’opportunites economiques pourfinancer le conseil, l’emergence defournisseurs de conseil dotes descapacites adequates, et le renforcementdes capacites des producteurs a formu-ler des demandes precises. Finalement,la privatisation du conseil, quelle quesoit la forme prise, implique que l’Etatdeveloppedenouvelles fonctionspourreguler les relations entre acteurs ets’assurer d’une prise en compte desinterets de nature publique. Tous lesEtats n’ont pas les memes capacites adevelopper de telles fonctions.

La reconnaissance de la diversitédes arrangements institutionnels

Face aux difficultes rencontrees par lesEtats pour ameliorer les systemes deconseil certaines etudes analysent lesdivers arrangements institutionnelspossibles. Ainsi, Birner et al. (2009)proposent un cadre d’analyse dessystemes de conseil agricole en mobi-lisant des criteres lies au contexte, auxorganisations du conseil, aux arrange-ments institutionnels et aux methodesde conseil. Les auteurs invitent a neplus raisonner en termes de meilleuressolutions applicables partout mais desystemes de conseil adaptes a unesituation donnee. Cette position, refle-tant celle exprimee par plusieursorganismes internationaux comme laBanque mondiale, prend ainsi actede la necessaire adequation du conseilau contexte local. Par exemple, Faureet Kleene (2004) presentent diversarrangements institutionnels, observesdans plusieurs pays d’Afrique del’Ouest, ou la gouvernance du conseilrepose sur une organisation de produc-teurs, sur un organisme interprofes-sionnel d’une filiere ou sur desprestataires prives. Ces arrangementssont le resultat d’une constructionsociale qui reflete les caracteristiqueslocales des relations entre acteurs.L’emergence d’un systeme pluriacteursde conseil n’est cependant pas evidenteet la qualite des services fournis peutetre problematique, comme le souli-gnent Saravanan et Veerabhadrajah(2003) en Inde en montrant la fortevariabilite de la pertinence et dela qualite du conseil fourni par descentres geres par le secteur public, des

organisations non gouvernementales,des fournisseurs d’intrants, ou desbureaux de consultants.Il apparaıt des lors necessaire deconstruire un environnement institu-tionnel propice au bon fonctionne-ment d’un systeme pluriacteurs deconseil.Quelques rares etudes incluentdes reflexions sur les strategies adevelopper pour elaborer des politi-ques visant a promouvoir de nouveauxarrangements institutionnels en don-nant une plus grande place aux acteursprives. De leur cote, Kidd et al. (2000)preconisent des programmes pilotesafin de tester les changements institu-tionnels avec des mesures graduelleset adaptees au contexte local.

Un désengagement des Étatsqui pose la questiondu financement du conseil

Le desengagement des Etats et l’emer-gence du secteur prive posent laquestion du financement des systemesde conseil agricole et donc de leurperennite. Le passage d’un conseilpublic a un conseil prive est parfoisenvisage comme permettant un trans-fert de couts, de l’Etat au beneficiairefinal. Certains systemes de conseilprive, fondes sur des relations commer-ciales entre fournisseur et client, se sonteffectivement reveles efficaces dans lecas des agricultures du Nord intensivesou a forte valeur ajoutee (Kidd et al.,2000). Mais il semble admis que lamajorite des agriculteurs ne peuventsupporter la totalite des couts duconseil, et pas seulement dans les paysdu Sud. Leur participation au finance-ment du conseil est donc en debat.L’accent est mis, soit sur le consente-ment des producteurs a payer quand ilest envisage de mettre en place unservice payant, soit sur la capacite desproducteurs a payer quand il existedeja un service payant. Afin demesurerce consentement a payer et d’estimer lapart du cout du conseil que peutprendre en charge le producteur,plusieurs etudes ont ete conduites surla base d’evaluations contingentes, demesure des preferences des individusou a partir de mesures du surpluseconomique des exploitations quipourrait etre utilise pour acheter duconseil (Saravanan et Veerabhadraiah,2003 en Inde ; Foti et al., 2007 auZimbabwe). Cependant, a l’exemple

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de Zimmer et al. (2008) aux Etats-Unis,les debats actuels sur le theme dufinancement du conseil portent autantsur les differents mecanismes de finan-cement envisageables que sur le trans-fert de couts du dispositif a l’utilisateurfinal. Il est en effet possible de croiserfourniture du conseil par un operateurprive ou un operateur public etfinancement du conseil par des fondsprives ou des fonds publics (Birneret al., 2009). Un modele privilegiesemble se degager ou un Etat cessed’etre operateur du conseil, maisconserve une fonction regulatrice, etfinance des dispositifs et/ou des opera-teurs prives. Cependant, la tresgrande majorite des etudes formuledes interrogations fortes sur la mise enplace de mecanismes de financementdurables capables de repondre a ladiversite des enjeux contemporains.

Les organisations du conseilpeu étudiées

Malgre une multiplication des acteursintervenant dans le champ du conseilagricole, le fonctionnement des orga-nisations qui fournissent du conseil nesemble pas donner lieu a des travauxde recherche a la hauteur des enjeux.L’analyse des institutions publiques duconseil est partiellement couverte,notamment dans les pays du Sudlorsque des financements internatio-naux sont mobilises. Ainsi Loureiro(2005) etudie en Namibie les evolu-tions d’un service de conseil agricoleen termes de programmation desactivites, de construction des budgets,d’evaluation des resultats, de commu-nication, et il en analyse les conse-quences sur la qualite des servicesfournis. A partir d’une approchesociologique, Compagnone (2001)s’est interroge sur la construction duconseil prodigue par l’Institut del’elevage en France, sur l’identite decet organisme et de ses techniciens. Ilmontre que la programmation desactivites de conseil depend plus destechniciens qui sont fortement auto-nomes que des injonctions de ladirection de l’Institut. Labarthe (2005)constate que les references traitant desinnovations au sein des organisationsde conseil sont rares. L’auteur proposealors un cadre analytique originals’inspirant de l’economie des services,permettant de decrire la production

d’innovations a l’interieur d’un systemede conseil. Il observe cinq typesd’innovations concernant les servicesde conseil, portant sur : i) les compe-tences des conseillers ; ii) lesmethodesde prestation de services ; iii) letraitement de l’information ; iv) laproduction et gestion des connaissan-ces ; et v) les aspects relationnels duconseiller avec le client. Ces quelquesetudes illustrent que ce sont les carac-teristiques du fonctionnement del’organisation qui orientent fortementla nature du conseil fourni auxproducteurs.Les firmes privees, fournisseusesd’intrants ou de materiels agricoles,sont de plus en plus nombreuses amettre en place des dispositifs deconseil afin de promouvoir leursactivites commerciales. Toutefois, seu-les quelques etudes questionnent laplace et le role des dispositifs pilotespar ces firmes privees dans la sphereplus globale du conseil a l’agriculturecommeMirani et al. (2007) au Pakistan.Ces etudes demontrent que ces firmespeuvent fournir un conseil de qualitemais generalement limite aux techni-ques de production et destine auxproducteurs les plus aises. Si denombreuses recherches citent les orga-nisations de producteurs comme par-ties prenantes dans les systemes deconseil, permettant ainsi de mieuxorienter le conseil (Swanson, 2006),rares sont celles qui portent sur laplace de ces organisations dans lafourniture du conseil bien que cetterealite s’impose dans de nombreuxpays du Nord comme du Sud. Cettefaible production scientifique sur lesorganisations qui fournissent duconseil limite la capacite de la recher-che a formuler des recommandationspour ameliorer lesperformances de cesorganisations et la pertinence de leuraction.

Les déterminantsde l'accès au conseil

De meme, peu d’etudes se penchentsur la relation entre un dispositif deconseil et l’acces des producteurs a ceconseil. En France, Mundler et al.(2006) reconnaissent en effet que peud’informations sont disponiblesconcernant le taux de penetration duconseil chez les agriculteurs. Quel-ques etudes ont ainsi cherche a

identifier les facteurs favorables oules obstacles a cet acces. Un premierelement est l’adequation entre l’offrede conseil et les demandes des produc-teurs. Par exemple, Agunga et Igodan(2007)montrent que les producteurs del’Ohio (Etats-Unis) engages dans l’agri-culture durable n’entretiennent pas derelations avec les organisations deconseil parce qu’ils ne sont pas satisfaitsdes conseils prodigues. Le cout duconseil s’avere egalement un frein al’acces comme l’illustre Moumouni(2006) au Benin ou les agriculteurspercoivent comme inique le fait dedevoir payer pour acceder aux connais-sances. Pennings et al. (2005) montrentque la probabilite d’utilisation d’unservice payant de conseil pour lacommercialisation par des agriculteursamericains depend de la perceptionque ces derniers ont de la performancedu conseil et de la compatibilite de ceconseil avec leurs strategies commer-ciales. L’acces peut egalement etre lie ades criteres sociologiques. Parmi ceux-ci, Hoang et al. (2006) evoquent auVietnam des considerations d’ordreethnique, de genre ou de statut socialqui definissent la place de l’individudans les reseaux sociaux et sa reellepossibilite d’acceder au conseil.Plus particulierement, la question dugenre est centrale dans les pays du Sudet a ete soulevee par de nombreuxauteurs qui montrent les difficultesrencontrees par les femmes pouracceder au conseil (Saima et al., 2005au Pakistan ; Lahai et al., 1999 auNigeria). Finalement, une interrogationforte emerge sur la capacite dessystemes de conseil a toucher unefraction significative des producteurset donc a avoir un impact sur ledeveloppement d’un territoire oud’une filiere. Il apparaıt egalementque l’etude des determinants de l’accesau conseil reste a approfondir. Lesaspects institutionnels de l’organisationdu conseil etant vus, interessons-nousmaintenant a l’exercice du metier deconseiller et aux competences neces-saires a cet exercice.

Les métiers et compétencesdu conseilNousmontrerons que les debats portantsur les metiers de conseillers inter-rogent : i) les nouvelles competences

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a developper, mais aussi : ii) le typede relations a promouvoir entre lesconseillers et les producteurs.

Une évolution des compétencespour une prise en comptede nouveaux enjeux

Dans un contexte de redefinition despolitiques agricoles, les roles et compe-tences des conseillers agricoles sontquestionnes. Par exemple, Sulaiman etHall (2002) en Inde, soulignent qu’il estnecessaire de reorienter les compe-tences des conseillers pour depasser ladiffusion de technologies et mieuxprendre en compte la gestion del’exploitation. Albaladejo et al. (2005)considerent comme fondamental queles agents de la vulgarisation del’universite du Para (Bresil) elargissentleurs competences en insistant sur lesenjeux du developpement rural. En sefondant sur une analyse du metier deconseiller en situation, Remy et al.(2006) illustrent clairement la diversiteet l’etendue des nouvelles competencesdemandees aux conseillers agricolesen France pour gerer la dimensiontechnique (production, gestion, admi-nistration, etc.) ou la dimension rela-tionnelle du conseil.Cette question des connaissances etdes competences des conseillers,celles qu’ils ont acquises et celles qu’ilsdoivent acquerir, fait l’objet de nom-breux travaux, notamment a partird’enquetes aupres de larges echantil-lons d’agents du developpement avecsouvent un traitement des informa-tions de nature statistique (Erbaughet al., 2007 en Ouganda ; Chizari et al.,2006 en Iran). Ameliorer les capacitesreflexives du conseiller apparaıt dansla litterature comme une voie aprivilegier pour produire un conseilmieux adapte aux situations desagriculteurs. Ces capacites peuventetre stimulees par une meilleurevalorisation de l’experience de terraindes conseillers (Kaltoft et Rasmussen,2004 ; Kibwana et al., 2000). Johnsonet al. (2007) dans le cadre d’uneenquete mondiale chez les forestiers,ou Chizari et al. (2006) en Iran,constatent que la strategie la plusefficace pour renforcer les competen-ces des conseillers est la constitutionde groupes professionnels d’echanged’experiences. A partir d’un constatsur l’importance des besoins de for-

mation des conseillers, certains auteurs(Murphy et al., 1998 en Argentine ;Ludwig, 2007 aux Etats-Unis) montrentqu’il est alors indispensable de revoir lecontenu des formations initiales desagents de developpement rural pourmieux prendre en compte les realiteslocales et ameliorer les competencesutiles pour accompagner les agricul-teurs dans leurs projets.

Une relation de conseilplus complexeinterrogeant l'évaluationdes conseillers

La litterature met en exergue unegrande diversification des metiers deconseiller avec schematiquement ceuxqui sont fortement specialises et plutotlocalises dans des organisations pri-vees, et ceux qui ont des competencesplus variees et accompagnent lesagriculteurs dans leurs projets indivi-duels ou collectifs. Ces differentsmetiers influent sur la relation deconseil. Quelle que soit la nature duconseil, la reconnaissance de la sin-gularite et de la complexite dessituations des producteurs amenecependant a substituer aux reponsespredefinies un accompagnement pourelaborer des reponses specifiques. Lanotion de coconstruction du conseilconduit a revoir les modalites de larelation conseiller-agriculteur (Rolinget Jong, 1998 ; Cerf et Hemidy, 1999).Ainsi, sur la base d’entretiens avec desproducteurs et des conseillers auDanemark, Andersen (2004) identifiedes profils differents de conseillers enfonction de la relation de conseil qu’ilsdeveloppent : le specialiste qui delivreson conseil, le specialiste qui interagitavec le producteur pour adapter sonconseil, le conseiller qui ecoute etinteragit avec le producteur pourconstruire le conseil. Il confirme ainsique l’interaction entre conseiller etproducteur est necessaire pour mieuxorienter le processus de decision duproducteur, mais montre aussi que leprofil du conseiller influe fortementsur l’intensite de cette interaction.Dans certaines situations, le conseillerpeut se transformer en mediateur,dont le role s’avere necessaire a laperennite des groupes d’agriculteurs,comme le montrent King et al. (2001)en Australie.

Des etudes qualitatives permettentd’identifier des criteres d’evaluationdes performances des conseillers, lieesa leurs competences ou a leursmotivations, et d’identifier les facteursqui influent sur ces performancescomme Inayatullah et al. (2008) auPakistan. Cependant la diversificationdes metiers de conseil pose la ques-tion du choix des criteres pertinentspour conduire cette evaluation. Lareconnaissance du metier de conseil-ler, par la hierarchie, par les agricul-teurs avec lequel l’agent collabore oupar la societe, est aussi source demotivation pour cet agent et contribuea son efficacite comme l’observeCompagnone (2001) en France.

Les méthodes et les outilsdu conseilLes conseillers s’appuient non seule-ment sur un certain nombre decompetences mais aussi sur des outils.Nous montrerons ici que les debatsconcernant les methodes et outils duconseil portent sur :– la prise en compte progressivedes processus d’apprentissage desagriculteurs ;– l’identification de leurs besoins enconseil avec une importance progres-sive donnee a la coconstruction desproblemes et des solutions ;– la place accordee a la participationdes producteurs dans la production duconseil ;– et enfin la mobilisation des savoirsdes differents acteurs pour produire leconseil.

Du transfert des connaissanceset des techniquesà la pluralité des méthodes

En permanente adaptation et placeesau cœur des systemes de conseil, lesmethodes de conseil ont fait l’objetde nombreuses evaluations (Haug,1999). Roling et Groot (1998) conside-rent qu’il existe trois grandes appro-ches : le transfert de technologies, leconseil et la facilitation des apprentissa-ges. Ozelame et al. (2002) differencientquant a eux le conseil centre surl’ameliorationdusystemedeproduction(hard system approach) de celui centresur un renforcement du systeme dedecision tant des agriculteurs que des

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acteurs qui interagissent avec eux (softsystem approach).Deux principales methodes d’inter-vention, utilisees dans les pays du Sud,pour assurer la diffusion des connais-sances et des techniques, ont donnelieu a une forte production scienti-fique. Il s’agit d’une part de la methodeTraining and Visit introduite en Indedes 1975, puis dans pres de 70 pays endeveloppement sous l’impulsion de laBanque mondiale. Dans ce cadre, desconseillers diffusent des messagestechniques simples et valides par larecherche a des agriculteurs cibles,nommes « paysans de contacts », les-quels vont ensuite partager leursnouveaux savoirs avec leurs voisins.Il s’agit d’autre part de la methodeFarmer Field School, introduite des lesannees 1980 aux Philippines, puisdiffusee en Asie et en Afrique avecen particulier un fort appui de la FAO.Dans ce cadre, des conseillers orga-nisent des rencontres regulieres depaysans volontaires qui acquierent denouveaux savoirs et de nouvellescompetences a travers des experimen-tations au champ, et des echangesentre eux et le conseiller.Les travaux concernant la methodeTraining and Visit abordent peu,exception faite de Gerhardt etSchmidt (1998), les elements demethode pour fournir le conseil etd’organisation du travail du conseillerdans la mesure ou ces aspects varientpeu d’une situation a l’autre. Lesrecherches effectuees se concentrentprincipalement sur l’evaluation desimpacts sur l’adoption des technolo-gies, les gains de rendements et derevenus, tant des paysans touches parle vulgarisateur que des paysansvoisins. Plusieurs auteurs concluent ades impacts positifs (Evenson etMwabu, 2001 au Kenya ; Ilevbaoje,1998 au Nigeria ; Mirani et Khooharo,1999 au Pakistan). Cependant, d’autrestravaux questionnent l’efficacite de lamethode, tels ceux d’Inayatullah et al.(2008) au Pakistan. Il est etonnant quel’arret des programmes de promotionde cette methode, finances par laBanque mondiale, suite au constatsevere de l’inadequation de lamethode pour repondre aux besoinsdiversifies des producteurs, n’ait pasdonne lieu a une production scienti-fique plus importante. Cette methode,basee sur le concept de transfert detechnologies a ete fortement critiquee

car elle ne prend pas en compte lesdemandes des producteurs et lescapacites des acteurs a innover(Roling et Groot, 1998 ; Scoones etThompson, 2009).A la recherched’unnouveaumodeledediffusion des connaissances et destechniques, de nombreux projets pro-meuvent la methode Farmer FieldsSchool initialement elaboree dans lecadre de la lutte integree contre lesravageurs des cultures mais qui peutconcerner d’autres thematiques commela reduction de l’empreinte ecologique,la gestion de la force de travail oul’amelioration des conditions de vie despopulations (Mancini et Jiggins, 2008en Inde). La production scientifiquemontre que la methode s’appuie surdes principes d’intervention mettantl’accent sur la valorisation de l’expe-rience des participants et le renforce-ment des capacites d’analyse (Davis,2006 ; Ponniah et al., 2007). Cepen-dant, laplupart des travaux se focalisentsur l’analyse des changements depratiques induits par l’intervention etmettent en evidence une reduction del’utilisation des pesticides (Nisha etRakhesh, 2006 en Inde ; Orozcoet al., 2008, au Mexique). Davis(2006), sur la base d’une revue de lalitterature, souligne que la methode aun effet positif sur les participants maispas ou peu au-dela. Van den Berg etJiggins (2007), en Asie, montrentcependant que les ecoles paysannesont des impacts qui vont au-dela de lasimple acquisition de connaissancestechniques. Feder et al. (2004), apresavoir souligne le cout eleve des sessionsde formation, questionnent la viabiliteeconomique du systeme et recomman-dent que lamethode soitmodifiee pourque les conseils soient dispenses a unplus grand nombre de producteursgrace a l’utilisation des medias demasse, sans cependant poser la ques-tion de l’articulation entre differentstypes d’intervention.Certains travaux insistent sur la neces-site de concevoir un conseil global al’exploitation destine a renforcer lescapacites des producteurs a gerer leursactivites agricoles et non-agricoles, enmettant l’accent sur une demarched’apprentissage individuel et collectifmobilisant l’utilisation d’outils d’aide ala decision valorisant l’ecrit (Faure etKleene, 2004 ; Djamen Nana et al.,2003). Dorward et al. (2007) propo-sent un conseil de gestion qui s’appuie

sur des raisonnements technico-econo-miques pour un public de non-alpha-betises. Les auteurs montrent que cesmethodes, qui favorisent les echangesentre producteurs, permettent de ren-forcer l’autonomie et les capacitesdecisionnelles des agriculteurs.Loevinsohn et al. (2002) analysentdifferentes methodes promues par larecherche et le developpement pourrenforcer les capacites des producteursdes pays du Sud a gerer leurs exploi-tations et notent qu’a de rares excep-tions pres, les methodes de conseil ontete concues sans prendre en considera-tion les theories de l’apprentissage.Roling et Jong (1998) attribuent ainsiles echecs des approches convention-nelles (Tranfer of Technology andKnowledge) a l’absenced’accompagne-ment des apprentissages. Ils soulignentl’emergence de nouvelles pratiquesd’accompagnement des acteurs,comme les methodes ParticipatoryTechnology Development ou Participa-tory Learning and Action Research, quiproposent une nouvelle maniere deconcevoir le metier de conseiller. Ledebat sur l’efficacite relative desmetho-des de conseil s’articule donc sur unereflexion centree, d’une part, surl’acquisition de connaissances pourresoudre des problemes simples oucomplexes, et d’autre part, sur lesprocessus permettant d’acquerir descompetences specifiques ou de faciliterun apprentissage visant l’autonomiedes producteurs. Sulaiman et Hall(2002) constatent cependant que leschangements sont freines par unmanque de partenariats entre les diffe-rents acteurs du conseil, une expertiselimitee et un manque de volontepolitique pour promouvoir de nouvel-les approches. L’analyse de la litteraturesuggere finalement que la promotiondes nouvelles methodes de conseildans les pays du Sud s’apparenteencore souvent a une logique diffu-sionniste de techniques d’animation etde methodes de conseil plus qu’a unelogique visant a promouvoir des prin-cipes visant a raisonner les pratiques deconseil selon les conditions locales.

Le recensement des besoinset la formulation du problème

Conseiller necessite de definir lesbesoins et demandes des producteurs

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mais les methodes employees sontdiverses. La demande des producteursest parfois deduite de l’analyse statis-tique de sondages d’opinion (Omet al., 1998 en Inde ; Agunga etIgodan, 2007 au Nigeria). Les deman-des des agriculteurs discutees dans cesetudes different bien entendu selon lessituations, mais aussi selon les choixinitiaux des concepteurs de l’enquete.Si de maniere ordinaire, les conseillersjouent un role determinant dansl’identification des besoins et desdemandes des producteurs, ils peu-vent cependant avoir des difficultes arealiser cette tache par un manque decompetences appropriees. Magne etIngrand (2004) constatent que lesconseillers agricoles ont une percep-tion des demandes des agriculteursqui differe entre conseillers mais aussientre le conseiller et les producteurs.Afin d’accompagner la construction dela demande en conseil, Cerf et Hemidy(1999) discutent de la definitiond’outils favorisant la cooperation entreun conseiller et un agriculteur travail-lant ensemble a la resolution deproblemes de gestion de l’exploita-tion. Ces outils permettent de rappro-cher leurs perceptions respectives dela situation de l’exploitation, de for-maliser ensemble le probleme et degerer la relation de conseil. PourHoffmann et Thomas (2003), ce travailsur les perceptions est central pourconstruire l’activite de conseil.Considerant a juste titre que lesproducteurs n’influent qu’a la margesur la nature du conseil, certainstravaux insistent sur la participationdes organisations de producteurs a laformulation des demandes et donc al’orientation du conseil (Teixeira et al.,2004 en Australie et au Bresil). Ilsconstatent cependant leurs frequentesdifficultes a peser sur les decisionsquand elles ne sont pas elles-memesimpliquees dans la fourniture duservice.Sortant d’une conception ou lademande apparaıt comme un construitsocial, plusieurs etudes (Frisvold et al.,2001 ; Holloway et Ehui, 2001) consi-derent le conseil comme un bienmarchand qui s’echange sur unmarcheet analysent les relations entre offre etdemande de conseil. Le retour surinvestissements ou le consentement apayer sont des criteres qui permettentd’evaluer l’adequation entre l’offre et lademande. La demande de conseil peut

etre aussi apprehendee par des presta-taires prives menant une etude demarche pour la vente de leurs services(Escalante et al., 2004 aux Etats-Unis).Prenant acte que le conseil est large-ment devenu un marche suite a saprivatisation aux Pays-Bas, Klerkx etLeeuwis (2008) pointent les defail-lances de marche limitant les trans-actions entre les acteurs de l’offre et dela demande de conseil. Ils montrentalors que des organisations interme-diaires (brokers) emergent pour creerdes liens entre les agriculteurs et lesservices qui accompagnent, voirefinancent, l’innovation. Cette thema-tique traitee par l’ecole « hollandaise »est largement reprise dans les pays duNord ou du Sud pour caracteriser dessystemes d’innovation (Sanginga et al.,2009 ; Scoones et Thompson, 2009).Cependant, peu d’etudes se penchentsur les mecanismes institutionnels sus-ceptibles d’orienter et d’evaluer leconseil en fonction des demandesdes acteurs, ce qui semble paradoxalalors que le conseil est de plus enplus apprehende comme une compo-sante a part entiere d’un systemed’innovation.

Un conseil qui questionnela participation

Dans de nombreuses recherches, laparticipation des producteurs dans laproduction du conseil est envisageecomme le gage d’une meilleure effi-cacite du conseil en permettant, entreautres, de favoriser les processusd’apprentissage par la reflexion indi-viduelle et par les echanges avecd’autres acteurs qu’il s’agissedeproduc-teurs, de conseillers ou de chercheurs(Astia et Shivakoti, 2003 en Indonesie ;Kibwana et al., 2000 en Tanzanie).Certains auteurs remettent cependanten cause l’imperieuse necessite desinteractions entre paysans et acteursexterieurs considerant que la creationet la diffusion des savoirs passentlargement par les reseaux locaux deproducteurs. Par exemple, enAustralie,Kilpatrick et Rosenblatt (1998) identi-fient les raisons pour lesquelles lesagriculteurs preferent apprendre encherchant eux-memes de l’informationplutot que de passer par l’intermediairede formations organisees par desinstitutions.

De plus, la participation des produc-teurs n’est pas forcement au centre despreoccupations de certains dispositifsde conseil, qu’il s’agisse de la valorisa-tion des savoirs des agriculteurs, deleur association a la prise de decisionou encore de leur collaboration auprocessus de conseil. Ainsi, un desobjectifs du conseil public en Europeest de favoriser les ajustements neces-saires des systemes de productiona l’application des regles et desnormes administratives (Kania, 2005en Pologne ; Cross et Franks, 2007enGrande-Bretagne).Des dispositifs semettent en place a l’instigation d’ope-rateurs en amont et en aval de laproduction pour fournir un conseilnormatif visant a faire respecter uncahier des charges (Argerich (2006) enArgentine avecunefiliere concernant latomate ou Creamer et al. (2000)aux Etats-Unis). Il apparaıt doncque la participation des producteurs,consideree dans de nombreuses etudescomme une necessite pour developperun conseil efficace, est finalement unepratique peu repandue dans des situa-tions ou le conseil est fourni ou orientepar des operateurs prives ou certainesadministrations.

Du savoir des expertsau dialogue des savoirs

En revanche, dans les situations ou lavision normative du conseil est remiseen cause, le conseiller n’est plusconsidere comme le seul detenteurdu savoir. Comment alors mobiliser etvaloriser les savoirs des differentesparties prenantes dans la resolutiondes problemes ? Une premiere seriede travaux examine le role joue parcertains agriculteurs dans l’elaborationet la diffusion de nouveaux savoirs oude nouvelles techniques et dont lesinnovations issues de ces dynamiquespeuvent etre valorisees par les servicesde vulgarisation (Kibwana et al., 2000en Tanzanie ; Simpson, 1998 auZaıre). Une deuxieme serie montreque ce ne sont pas des individus isolesmais des individus en interaction avecdifferents types d’acteurs qui sontsources d’innovations adaptees auxbesoins locaux. Ces travaux abordentpar ce biais les questions de methodesde conseil et notamment des appro-ches participatives associant paysans,conseillers et chercheurs (Angstreich

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et Zinnah, 2007 en Afrique de l’Est etde l’Ouest). Ainsi le debat evolueclairement de la reconnaissance dessavoirs locaux a la necessite d’organi-ser le « dialogue des savoirs ». Enfin,une troisieme serie de travaux met enrelief les processus de capitalisationdes savoirs locaux car, dans lessituations ou la comprehension scien-tifique des phenomenes est limitee,l’expertise des agriculteurs s’averesource d’enseignements utiles pourcomprendre et pour agir. Ainsi Sinclairet Walker (1998) ont developpe uneapproche « interactive » avec lesacteurs permettant de produire desbases de connaissances sur les syste-mes agroforestiers, en collectant etvalorisant les « savoirs ecologiqueslocaux » qui peuvent avoir une valeurgenerique et trouver des applicationsdans d’autres situations que celles ouils ont ete formules.Reconnaissant que les interactionssont sources de nouvelles connais-sances, certains travaux visent a mieuxcaracteriser lamaniere dont lesproduc-teurs acquierent de nouveaux savoirs.Par exemple,Okunade (2007) s’attachea montrer, avec une etude de natureeconometrique, que la capacited’acquisition de nouvelles connaissan-ces par le producteur nigerian estfonction de son age, de son experienceet de son niveau d’education formelle.En cherchant a approfondir cettequestion de l’acquisition de nouveauxsavoirs, Kilpatrick et Johns (2003) enAustralie proposent une typologied’agriculteurs selon les sources d’infor-mation auxquelles ils accedent (pair,expert, medias, etc.) et elaborent desrecommandations a l’intention desacteurs du conseil pour accompagnerles agriculteurs.Si de nombreux auteurs soulignentl’interet d’inscrire le conseil non pasdans le cadre de relations individuellesconseiller-paysan, mais dans le cadrede groupes de paysans, la creation deces groupes ne reflete pas toujours unevolonte de valorisation des savoirslocaux. Ainsi, dans une perspectivediffusionniste pour promouvoir denouvelles technologies, certainsauteurs s’interessent aux motivationsdes individus pour participer a ungroupe, a leurs caracteristiques et aleurs capacites a echanger avec leurspairs (Nombo et Mattee, 1998 enTanzanie ; Mirani et Khooharo, 1999au Pakistan). Ces auteurs en deduisent

desmesuresquipermettent, d’unepart,de creer des groupes de maniereefficace et, d’autre part, d’ameliorer lefonctionnement d’un groupe existant.

Les outils du conseil

Les outils servent de support a la miseen œuvre des methodes de conseil etfont l’objet de nombreuses publica-tions. L’outil ne mobilise pas necessai-rement des technologies complexes,comme l’illustre Brumfield (2004) auxEtats-Unis avec l’usage d’un tableurcomme outil de gestion economiquedes exploitations. Cerf et Meynard(2006) montrent cependant qu’il estimportant de prendre en compte a lafois les usages et les usagers durant laphase de creation des outils d’aide a ladecision pour que ces derniers soientadaptes aux besoins des agriculteurs.Ils constatent que les usages reels desoutils mis a la disposition des agricul-teurs sont souvent differents desusages prevus par leurs concepteurs.Plusieurs papiers font etat de l’usagede modeles informatises pour aider ala decision des producteurs. Carberryet al. (2002) temoignent de la per-tinence des modeles informatises,mobilises dans le cadre d’une recher-che-action menee en Australie, afind’ameliorer la gestion des sols et descultures en utilisant un simulateurfonde sur un systeme expert et desbatteries d’indicateurs. La majorite desauteurs mettent l’accent sur la phasede conception sans insister sur lesprocedures de construction avec lesacteurs, ni sur les conditions de leurusage en situation de conseil (Bernetet al., 2001), ce qui peut laisser planerun doute sur les reelles utilisations.Constatant les nombreux echecs lies al’utilisation d’outils d’aide a la decisionreposant sur l’informatique, Singels(2008) propose un outil d’aide a ladecision qui permet d’evaluer ex-antele rendement et de programmer ladate de recolte de la canne a sucre enAfrique du Sud.Les experiences d’emploi de systemesd’information plus oumoins interactifssont nombreuses comme celles citeespar Thomson et Willoughby (2004)pour la gestion des adventices enGrande-Bretagne ou Harrison et al.(2004) pour la gestion des effluentsd’elevage aux Etats-Unis. Cependant,peu de travaux s’interessent aux

conditions de leur mise en œuvre eta leur efficacite, ainsi qu’aux questionsde propriete intellectuelle des connais-sances. Il est surprenant que les outilsinformatises d’aide a la decision, large-ment developpes et promus par desfirmes privees, ne soient pas davantageetudies en comparaison des nombreu-ses recherches consacrees aux outilsinformatises mis au point par deschercheurs.Concernant les vecteurs de l’informa-tion, de nombreux travaux portent surl’interet de la television, de la radio oudes journaux dans la diffusion del’information, developpant eventuelle-ment des analyses comparatives avecd’autres sources d’informations tellesque les pairs ou les conseillers(Muhammad et al., 2006 au Pakistan ;Adeniji et Ega, 2006 au Nigeria).D’autres travaux traitent plutot del’usage d’Internet et du telephone dansle conseil. Par exemple, Boutenel(2006) analyse l’interet du conseil partelephone en Suisse pour des famillespaysannes. Cependant, une evaluationde l’usage d’Internet pour le conseil enItalie montre qu’il existe des obstaclestechniquesmais aussi organisationnels,voire sociaux (Gelb et Bonati, 1998).Si l’activite de conseil se fait dans uncadre institutionnel et demande pouretre menee, de la part des agents, unecertaine competence et un certainoutillage, apprecier l’effectivite, l’effi-cience ou l’efficacite des moyensengages est tout aussi central pourorienter l’action.

L'évaluation du conseilNous aborderons dans cette dernierepartie les questions liees a : i) l’evalua-tion des dispositifs ; ii) l’evaluation desimpacts du conseil au niveau desexploitations ; et iii) l’evaluation desimpacts sur les dynamiques rurales.L’evaluation pose des questionsmethodologiques qui mobilisent unepartie de la communaute scientifiquedans le champ du conseil, meme sicertaines questions sont communes ad’autres domaines (sante, credit, etc.).Le debat est largement oriente par lesdecideurs politiques et les bailleurs defonds qui souhaitent evaluer l’interetdes investissements realises dansle conseil en agriculture. Il s’articuleentre evaluation des apprentissagestechniques ou du renforcement des

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capacites des producteurs, evaluationdes impacts ou des processus mis enœuvre, et evaluation de nature quanti-tative ou qualitative.

L'évaluation des dispositifsde conseil

Differentes grilles d’analyse peuventetre proposees en definissant descriteres se referant a l’efficacite (atteintedes objectifs fixes), l’efficience (resul-tats obtenus compares aux ressourcesinvesties), la qualite des services four-nis, l’equite dans l’acces aux services, ladurabilite et l’autonomisation desacteurs, etc. Les resultats de cesevaluations sont tres contrastes etdependent des situations mais aussides methodes choisies. Hoag (2005)propose ainsi des criteres generaux(bienpublic, avantage competitif, priva-tisation, durabilite, pratique de gestion,contexte economique) permettantd’evaluer un systeme de conseil publicaux Etats-Unis, mais qui peuvent etreutilises dans d’autres situations. Oladeleet Sakagami (2004) utilisent la methodeSWOT (Strengths, Weaknesses, Oppor-tunities, Threats) pour evaluer lesopinions que des acteurs se font desdispositifs de conseil dans differentspays d’Afrique et d’Asie. Les evaluationssont fondees sur des enquetes rapides(Astia et Shivakoti, 2003 en Indonesie),sur une analyse comprehensive et fined’une situation (Gerhardt et Schmidt,1998 au Lesotho), sur des traitementsstatistiques et des calculs econometri-ques (Manmeet et Khuruna, 2004 enInde ; Galindo et al., 2000 auMexique ;Mirani et Khooharo, 1999 au Pakistan)ou sur une revue d’etudes de cas(Van den Berg et Jiggins, 2007 ; Davis,2006).Comparer des dispositifs de conseildifferents pose de redoutables ques-tions methodologiques, notamment sides outils statistiques sont utilises. Lesrares etudes existantes mobilisent desapproches plus qualitatives, commecelle de Labarthe (2005) qui, ens’appuyant sur l’economie institution-nelle, compare les cas des Pays-Bas,de l’Allemagne et de la France ou cellede Mirani et al. (2007) au Pakistan, quiinterroge les agriculteurs sur leursniveaux de satisfaction pour comparerle service de conseil des firmesphytosanitaires et le systeme nationalde vulgarisation. Aux Etats-Unis, Lohr

et Park (2003) utilisent un modeleeconometrique pour expliquer lesdifferences observees entre differentessources de conseil a partir d’enquetesaupres d’agriculteurs en productionbiologique. Aucun article de notre basede references ne considere le recours al’economie des couts de transactioncomme utile pour evaluer la perfor-mance d’un dispositif de conseilcomme le proposent pourtant Birneret al. (2009). Or de telles evaluations, al’echelle des systemes de conseil,seraient necessaires pour aider a for-muler des recommandations enmatiere de politiques publiques.La participation des acteurs (produc-teurs et conseillers) dans l’evaluationest tres variable. Le debat porte alorssur le choix entre une evaluationexterne pour formuler des recomman-dations ou bien une evaluation internea partir d’objectifs propres aux acteursdu dispositif. La participation desacteurs a la conception des evalua-tions n’est pas abordee de maniereapprofondie dans les etudes referen-cees alors qu’il existe une litteraturesur le sujet (participatory monitoringand evaluation). A partir d’enquetesaupres d’agriculteurs, Santucci et al.,2002 en Syrie ou Agunga et Igodan,2007 aux Etats-Unis, caracterisent lesdispositifs de conseil et proposent desevolutions pour mieux repondre auxattentes des agriculteurs. L’utilisationde panels (ou focus groups) permetune expression plus libre des produc-teurs pour evaluer un dispositif deconseil, comme le montrent Dragon etPlace (2006) au Costa Rica.

L'évaluation des impactsdu conseil sur l'exploitation

La plupart des mesures d’impact seconcentrent sur un nombre limite decriteres, souvent de nature quantita-tive, comme le changement de prati-ques agricoles (Nisha et Rakhesh, 2006en Inde pour la gestion integree desravageurs), la variation du rendementd’une culture (Evenson et Mwabu,2001 au Kenya dans le cadre dusysteme Training and Visit), la varia-tion des revenus de l’exploitation(Mubashir et al. (2007) au Pakistandans le cadre d’un dispositif FarmerField School), la variation des revenusau niveau d’un territoire (Akobundu

et al., 2004 aux Etats-Unis ; Marshet al., 2004 en Australie). L’emploid’approches econometriques dominetres largement et des methodesd’experimentation sociale se develop-pent, pouvant poser des questionsd’ordre ethique. Les reflexions metho-dologiques portent principalement surla construction des echantillons, surl’acces et la qualite des donnees ou surla nature des tests statistiques. Cepen-dant, certaines caracteristiques nonprises en compte, comme les capacitesde gestion des producteurs, sontimportantes et determinent une partiede la variabilite non expliquee par lesmodeles.Il existe cependant des auteurs quiplaident pour des methodes combi-nant analyses quantitatives et analysesqualitatives, jugees plus aptes a saisirla complexite des dynamiques(Godtland et al., 2004 au Perou pourevaluer l’impact d’un dispositif FarmerField School ; Mancini et Jiggins, 2008en Inde pour un meme type d’evalua-tion). Les auteurs ajoutent que detelles evaluations sont plus lourdes arealiser et que des moyens budgetairesconsequents doivent etre prevus.Pourtant, seules de telles evaluationspeuvent permettre d’etablir un lien decausalite entre les impacts mesures etles methodes de conseil mises enœuvre.

L'évaluationau-delà de l'exploitation

Les recherches sur les mesuresd’impact au-dela des frontieres del’exploitation agricole sont plus rares.Si certaines etudes visent a caracteriserles processus d’apprentissage dans unesituation de conseil donne (cf. infra),tres peu affichent pour objectif lamesure de l’impact d’un dispositif deconseil sur ces processus enmettant enevidence une relation de cause a effet al’echelle du dispositif.Une approche classique consiste ainterroger les beneficiaires sur leursacquis, comme le font Hall et al. (2004)aux Etats-Unis aupres d’eleveursbovins. En Australie, Cameron etChamala (2004), dans le cadre d’unedemarche de recherche-action eva-luent l’impact d’un dispositif de conseilvisant a accroıtre les competencesmanageriales des agriculteurs enutilisant des indicateurs synthetiquesrenseignes a partir de donnees

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recoltees aupres d’agriculteurs du pro-gramme. D’autres auteurs cherchent aetablir un lien entre processusd’apprentissage et impacts des appren-tissages. Par exemple, King et al. (2001)ont montre, en Australie, qu’unemethode d’apprentissage participatif(Participatory Action Learning), sefondant sur un questionnement desresultats d’experiences personnellesdes agriculteurs ameliore l’efficacitedes apprentissages individuels et col-lectifs. Loevinsohn et al. (2002) pro-posent quant a eux un outil permettantd’evaluer lesprocessusd’apprentissageen s’interessant a quatre questions quisont les suivantes :1. Quelle reaction des participants ?2. Quelles connaissances et quellescompetences acquises ?3. Quelle application du contenudans la realite ?4. Quels impacts sur les participants ?Les evaluations d’impacts du conseilsur la diffusion des connaissances etdes techniques sont rares, alors que lestravaux de sociologie signalent depuislongtemps l’importance de ces phe-nomenes en milieu rural qui peuventvarier en fonction du profil desproducteurs (Rogers, 1983) ou de laconfiguration des reseaux sociaux(Darre, 1996). Feder et al. (2004)montrent, dans le cadre d’un dispositifFarmer Field Schools en Indonesie etsur la base d’une approche econome-trique, que l’information sur la gestiondes risques phytosanitaires ne sediffuse pas aux paysans non formesau sein des villages. S’interroger sur lerayonnement des dispositifs deconseil permettrait tres vraisemblable-ment d’ameliorer leur portee et demieux justifier les investissementspublics en matiere de conseil.

Conclusion

Cette revue de litterature s’est fixeecomme limites l’exploration et l’ana-lyse des travaux scientifiques denatures academiques, identifiablespar un nombre reduit de mots cles,disponibles sur des bases bibliogra-phiques definies. A l’evidence, cetexercice ne dresse pas un etat del’art exhaustif des recherches condui-tes sur les differents champs lies audomaine complexe du conseil enagriculture. En revanche, l’originalite

de ce travail reside dans l’ampleur desa couverture thematique, geogra-phique et disciplinaire.Il ressort de ce travail que certainesthematiques sont placees sur le devantde la scene tandis que d’autres restentorphelines de toute recherche ou serevelent peu traitees dans la periode1998-2008. Les analyses montrent que,dans tous les pays, le conseil est deplus en plus percu comme un elementd’un systeme d’innovation qui met eninteraction des acteurs multiples. Ence sens, la question n’est pluscomment appuyer les producteurspour qu’ils innovent mais commentrenforcer les processus d’innovationen appuyant les acteurs capables deles impulser et comment faciliter lesinteractions entre acteurs. Cependant,il existe peu de recherche visant : i) acaracteriser les interactions entre lesacteurs du conseil et ceux fournissantd’autres types de service (credit,intrants, etc.) ; et ii) a analyser lesnouvelles formes de conseil qui emer-gent progressivement avec une capa-cite d’articuler dimension territorialeet acces au marche, et ce dans le cadred’un systeme d’innovation.Plusieurs approches s’affrontent entreun conseil oriente par la demande desproducteurs, largement documentedans la litterature s’interessant auxpays du Sud, un conseil oriente par lademande du marche, et un conseiloriente par les normes edictees par lapuissance publique supposees refleterune demande sociale, plutot urbaine,notamment en Europe. Le debat estlargement centre sur la privatisationdu conseil, avec une reconnaissancede la pluralite des arrangements entreacteurs du conseil, et sur la redefinitiondu role de l’Etat. Le fonctionnement desnouvelles organisations du conseilagricole reste cependant encore peuexplore, peut-etre parce que beaucoupd’entre elles, notamment dans le sec-teur prive, ont ete recemment creees. Ilserait particulierement interessant demieux comprendre le developpementdu conseil prive, y compris celui fournipar les organisations de producteurs, etson impact sur l’evolution des systemesde conseil et plus particulierement surle conseil public.Les debats sur le metier de conseillermontrent l’importance accordee auxnouveaux enjeux concernant l’agri-culture, au-dela de la production, et lanecessite de refonder la relation de

conseil entre conseillers et agricul-teurs. La reflexion sur les methodes deconseil revele que le modele top downde transfert de technologies resteencore tres present au sein de certainsorganismes de conseil afin de favoriserle respect de normes definies par desacteurs prives agissant dans des filieresa forte valeur ajoutee ou par desacteurs du secteur public soucieux depromouvoir des regles sociales ouenvironnementales. Une telle evolu-tion peut conduire a exclure de l’accesau conseil de nombreux producteurs,alors qu’autrefois et a contrario letransfert de technologies etait unemethode visant a toucher une grandepartie des producteurs.Cependant, de nombreux travauxabordent la question de la diversitecroissante des besoins en conseil etcelle du renforcement des competen-ces des producteurs. La participationdes producteurs et la mobilisation dessavoirs locaux sont des themes large-ment analyses pour ameliorer l’effica-cite du conseil. Certaines etudesabordent la construction des nou-veaux savoirs a travers les interactionsentre techniciens et paysans tandisque d’autres mettent l’accent sur lesdynamiques de groupes de paysans.Dans les pays du Sud, la reflexion estencore largement portee par unevolonte de diffuser des methodes deconseil, certes participatives et favori-sant les apprentissages, mais sansreellement tenir compte du contextelocal, des acteurs en place, ou desinitiatives existantes. Il semble doncbien difficile de rendre operationnel lenouveau concept de systeme d’inno-vation. Il apparaıt aussi toujoursnecessaire de travailler a la mise aupoint de methodes de conseil adap-tees a chaque contexte institutionnel,capables de prendre en compte a lafois la complexite des situationsvecues par les producteurs et l’incerti-tude, et combinant approche partici-pative et usage de nouveaux outilsd’aide a la decision.L’evaluation represente un champ dereflexions scientifiques fecond afin decomparer l’efficacite de differents dis-positifs de conseil et de mesurerl’impact du conseil sur les dynamiquesrurales. Cependant, la participationdes acteurs dans le processus d’eva-luation afin d’ameliorer la pertinencede ces evaluations est peu documen-tee. Il existe aussi un besoin pour

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mieux evaluer les performancescomparees de differents types d’arran-gements institutionnels entre acteursdu conseil en mobilisant le cadre del’economie institutionnelle.Le conseil en agriculture est actuelle-ment a l’ordre du jour des reflexionsinternationales. Mais ce regain d’inte-ret prend place dans un contextemouvant. Les acteurs du conseil fontface a de nouveaux enjeux car ils sontamenes a accompagner les rurauxdans un monde devenu plus instableet aux evolutions moins previsiblessuite a l’augmentation des risques liesau marche, a l’instabilite de nombreuxEtats, aux consequences du change-ment climatique ou de la degradationdes ressources renouvelables. Leconcept de conseil en agriculture doitetre ainsi repense dans une perspec-tive plus large, s’inscrivant dans lecadre de systemes d’innovation, impli-quant aussi un renouvellement desrecherches afin d’accompagner cesevolutions. &

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