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Caractéristiques des adolescents fumeurs s'adressant aux consultations de tabacologie

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Mémoire original Caractéristiques des adolescents fumeurs sadressant aux consultations de tabacologie Characteristics of smoker adolescents seeking smoking cessation services A.-L. Le Faou a,b, * , C. Plard c , N. Rodon d , G. Lagrue e a Assistance publiqueHôpitaux de Paris, hôpital européen Georges-Pompidou, centre de tabacologie, 20, rue Leblanc, 75015 Paris, France b Unité de recherche 4069, fondation MGEN : « Épidémiologie, évaluation et politiques de santé », université Paris-VRené-Descartes, France c Service de santé publique et économie de la santé, hôpital Fernand-Widal, 200, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris, France d Laboratoire de santé publique et informatique médicale (SPIM), université Paris-VRené-Descartes, 15, rue de lÉcole de Médecine, 75006 Paris, France e Assistance publiqueHôpitaux de Paris, hôpital Albert-Chenevier, centre de tabacologie, 40, rue de Mesly, 94000 Créteil, France Reçu le 28 juin 2006 ; accepté le 4 avril 2007 Disponible sur internet le 01 juin 2007 Résumé La prévalence du tabagisme chez les jeunes de 15 à 19 ans est estimée à 31 % en France. Pourtant peu de publications françaises ont porté sur les caractéristiques des jeunes fumeurs souhaitant sengager dans une démarche de sevrage. Le développement des consultations de tabacologie en France à partir de 2000 a été accompagné par la création dun système informatisé dans le cadre dun programme national. Objectif. Étudier les caractéristiques des fumeurs âgés de moins de 19 ans consultant dans des centres spécialisés participant à ce pro- gramme national. Méthodes. À partir dune extraction de la base nationale informatisée des consultations de tabacologie (CDT), une analyse transversale des caractéristiques tabagiques, médicales et de la prise en charge thérapeutique des fumeurs âgés de moins de 19 ans a été menée au cours de la période 20012005, soit 321 adolescents représentant 1,3 % de lensemble des consultants. Résultats. Ces 321 fumeurs âgés en moyenne de 16,6 ans [extrêmes 1318 ans] sadressant aux CDT étaient majoritairement des filles (56,4 %). Un antécédent dépressif était déclaré dans 19 % des cas et un score anormal au questionnaire hospital anxiety depression était observé dans 34 % des cas pour litem « anxiété » et 6 % des cas pour litem « dépression ». Ces jeunes fumeurs consommaient en moyenne 15,3 cigarettes par jour et une dépendance forte au tabac était retrouvée chez 24,1 % dentre eux. Dans tous les cas, un traitement de substitution nicotinique était prescrit dans le cadre du sevrage. Conclusion. La dépendance tabagique chez les 321 adolescents désirant arrêter de fumer était forte avec, pour plus dun tiers des patients, une symptomatologie anxiodépressive. Même si le pourcentage dadolescents consultant en CDT est faible, ces données méritent dêtre prises en compte pour permettre la mise en œuvre dinterventions adaptées daide au sevrage tabagique chez les adolescents fumeurs, en particulier en milieu scolaire. © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Abstract In France, the prevalence of tobacco consumption is 31% for teenagers between 15 and 19 years old. Nevertheless, few French studies have been published on the characteristics of young smokers seeking smoking cessation services. The development of smoking cessation centres in France since 1999 was associated to the setting up of a e-transfer system in order to evaluate the adequacy between these services and the needs of smokers. Objective. To analyse the characteristics of smokers aged less than 19 years registered in the smoking cessation services national database. http://france.elsevier.com/direct/ARCPED/ Archives de pédiatrie 14 (2007) 10621068 * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A.-L. Le Faou). 0929-693X/$ - see front matter © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.arcped.2007.04.015
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http://france.elsevier.com/direct/ARCPED/

Archives de pédiatrie 14 (2007) 1062–1068

Mémoire original

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : anne-la

0929-693X/$ - see front madoi:10.1016/j.arcped.2007.0

Caractéristiques des adolescents fumeurs

s’adressant aux consultations de tabacologie

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Characteristics of smoker adolescents seeking

smoking cessation services

A.-L. Le Faoua,b,*, C. Plardc, N. Rodond, G. Lagruee

aAssistance publique–Hôpitaux de Paris, hôpital européen Georges-Pompidou, centre de tabacologie, 20, rue Leblanc, 75015 Paris, FrancebUnité de recherche 4069, fondation MGEN : « Épidémiologie, évaluation et politiques de santé », université Paris-V–René-Descartes, France

c Service de santé publique et économie de la santé, hôpital Fernand-Widal, 200, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris, Franced Laboratoire de santé publique et informatique médicale (SPIM), université Paris-V–René-Descartes, 15, rue de l’École de Médecine, 75006 Paris, France

eAssistance publique–Hôpitaux de Paris, hôpital Albert-Chenevier, centre de tabacologie, 40, rue de Mesly, 94000 Créteil, France

Reçu le 28 juin 2006 ; accepté le 4 avril 2007Disponible sur internet le 01 juin 2007

Résumé

La prévalence du tabagisme chez les jeunes de 15 à 19 ans est estimée à 31 % en France. Pourtant peu de publications françaises ont porté surles caractéristiques des jeunes fumeurs souhaitant s’engager dans une démarche de sevrage. Le développement des consultations de tabacologieen France à partir de 2000 a été accompagné par la création d’un système informatisé dans le cadre d’un programme national.

Objectif. – Étudier les caractéristiques des fumeurs âgés de moins de 19 ans consultant dans des centres spécialisés participant à ce pro-gramme national.

Méthodes. – À partir d’une extraction de la base nationale informatisée des consultations de tabacologie (CDT), une analyse transversale descaractéristiques tabagiques, médicales et de la prise en charge thérapeutique des fumeurs âgés de moins de 19 ans a été menée au cours de lapériode 2001–2005, soit 321 adolescents représentant 1,3 % de l’ensemble des consultants.

Résultats. – Ces 321 fumeurs âgés en moyenne de 16,6 ans [extrêmes 13–18 ans] s’adressant aux CDT étaient majoritairement des filles(56,4 %). Un antécédent dépressif était déclaré dans 19 % des cas et un score anormal au questionnaire hospital anxiety depression était observédans 34 % des cas pour l’item « anxiété » et 6 % des cas pour l’item « dépression ». Ces jeunes fumeurs consommaient en moyenne 15,3cigarettes par jour et une dépendance forte au tabac était retrouvée chez 24,1 % d’entre eux. Dans tous les cas, un traitement de substitutionnicotinique était prescrit dans le cadre du sevrage.

Conclusion. – La dépendance tabagique chez les 321 adolescents désirant arrêter de fumer était forte avec, pour plus d’un tiers des patients,une symptomatologie anxiodépressive. Même si le pourcentage d’adolescents consultant en CDT est faible, ces données méritent d’être prises encompte pour permettre la mise en œuvre d’interventions adaptées d’aide au sevrage tabagique chez les adolescents fumeurs, en particulier enmilieu scolaire.© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Abstract

In France, the prevalence of tobacco consumption is 31% for teenagers between 15 and 19 years old. Nevertheless, few French studies havebeen published on the characteristics of young smokers seeking smoking cessation services. The development of smoking cessation centres inFrance since 1999 was associated to the setting up of a e-transfer system in order to evaluate the adequacy between these services and the needsof smokers.

Objective. – To analyse the characteristics of smokers aged less than 19 years registered in the smoking cessation services national database.

[email protected] (A.-L. Le Faou).

2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

A.-L. Le Faou et al. / Archives de pédiatrie 14 (2007) 1062–1068 1063

Methods. – A cross-sectional population-based study has been conducted in the smoking cessation services participating in the nationaldatabase. The study population included 321 young smokers attending the smoking cessation centres during the period 2001–2005.

Results. – The 321 smokers (mean age 16.6 years) were mostly girls (56.4%). A background of depression was declared by 19% of youngsmokers and an abnormal result was found for the hospital anxiety depression-screening test among 34% of the population for the anxiety scaleand 6% for the depression scale. Mean daily tobacco consumption was 15.3 cigarettes per day and heavy nicotine dependence was found for24.1% of the population. A nicotine replacement therapy was prescribed for every smoker.

Conclusion. – Nicotine dependence was heavy for 24.1% of the 321 young smokers seeking smoking cessation services. More than 1/3 hadan abnormal result for the hospital anxiety depression-screening test. Tailored interventions for smoking cessation should be available for adoles-cent’s smokers, especially school-based services.© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Adolescent ; Tabagisme ; Sevrage ; Dépression ; Dépendance nicotinique

La prévalence du tabagisme des jeunes est de 31,8 % chezles garçons et 30,7 % chez les filles dans la tranche d’âge 15–19 ans [1]. On a noté cependant chez les jeunes de 15 à 19 ansune diminution de la prévalence tabagique entre 1999 et 2004(–6,4 % pour les garçons de 15 à 19 ans et –13,3 % chez lesfilles) [1] et une diminution significative de la fréquence dutabagisme quotidien des jeunes garçons et filles de 17 ansentre 2000 et 2003 (p < 0,001) [2].

Deux aspects sont à prendre en compte dans la luttecontre le tabagisme des jeunes : empêcher l’initiation taba-gique et faciliter l’arrêt individuel chez les jeunes fumeurs.Plusieurs mesures ont ainsi été mises en œuvre depuis lesannées 1970 :● interdiction de fumer dans les lieux publics et les lycées [3,4] ;

● distributions gratuites proscrites et augmentation régulièredes prix des cigarettes [5] ;

● interdiction de vendre du tabac aux mineurs de moins de16 ans et des paquets de moins de 20 cigarettes ;

● sensibilisation au risque tabagique dans les établissementsscolaires [6].

Ces mesures sont d’autant plus importantes qu’une prise encharge précoce du tabagisme est primordiale pour limiter lesrépercussions à l’âge adulte. On reconnaît en effet, un lienentre la consommation de tabac à l’adolescence et la survenuede complications dès l’âge de 30 ans (troubles respiratoires etneurocomportementaux) [7]. En outre, le risque de cancerbronchopulmonaire augmente en fonction de la précocité del’âge de début de la consommation de tabac [8].

Les travaux français portant sur des lycéens fumeurs de15 ans et plus ont montré que 88 % d’entre eux envisageaientun sevrage [9]. Cet article a pour objectif d’analyser le profildes adolescents de moins de 19 ans qui se sont adressés auxconsultations de tabacologie participant au programme desconsultations de tabacologie (CDT) en France entre 2001 et2005.

1. Population et méthodes

Il s’agit d’une analyse transversale de la base de donnéesnationale des CDT [10]. La population d’étude était consti-tuée de l’ensemble des fumeurs de moins de 19 ans ayant

fréquenté une des consultations de tabacologie participantau programme CDT au cours de la période 2001–2005 etpour lesquels une analyse descriptive des variables recueil-lies dans le dossier électronique CDT a été menée. Les don-nées recueillies par autoquestionnaire, vérifiées et discutéespar le tabacologue en consultation puis enregistrées dansCDT étaient :

● sociodémographiques ;

● médicales :

○ présence de maladies ;

○ autres addictions ;

○ prise de médicaments psychoactifs ;

○ antécédent de dépression ayant entraîné un arrêt des acti-vités.

Pour dépister un état anxieux et/ou dépressif, un test dedépistage, le HAD (hospital anxiety depression) a été effectué,un score supérieur ou égal à 11 étant choisi comme seuil [11].Un questionnaire simple de dépistage, le questionnaire DETA(Drogue, Entourage, Trop, Alcool), a été utilisé pour mettre enévidence un éventuel mésusage d’alcool [12] ;

● tabacologiques :

○ consommation journalière de cigarettes ;

○ degré de dépendance (test de Fagerström) [13] ;

○ âge du patient au début du tabagisme ;

○ nombre d’arrêts antérieurs du tabac de durée supérieureou égale à sept jours ;

○ taux de CO expiré (en partie par million, ppm).

À l’aide du test de Fagerström, la dépendance tabagique aété classée en faible (< 5), moyenne (de 5 à 6) et forte (≥ 7). Letraitement éventuellement instauré suite à la première consulta-tion était également enregistré (pharmacologique, thérapiecognitivocomportementale). Les données de suivi ont étéanalysées : pourcentage de second rendez-vous dans un délaid’un mois et statut tabagique au cours de cette période, pour-centage de rendez-vous supérieur ou égal à deux. La durée dusevrage n’était pas enregistrée.

Les comparaisons de proportions ont été effectuées aumoyen d’un test du χ2 ou d’un test exact de Fisher quand leseffectifs étaient insuffisants.

Fig. 1. Répartition des réponses au test de Fagerström en pourcentage enfonction du sexe et de l’âge.

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2. Résultats

2.1. Caractéristiques générales de la population

Au cours de la période 2001–2005, les consultations d’aideau sevrage tabagique du programme CDT ont reçu 25 000fumeurs dont 321 jeunes de moins de 19 ans, soit 1,3 % del’ensemble des consultants (67,6 % avaient moins de 18 ans).L’âge moyen des consultants était de 16,6 ans et la plus jeuneconsultante était âgée de 13 ans. Les jeunes filles constituaientla majorité de la population (56,4 %) (p < 0,05).

La grande majorité (72 %) poursuivait encore des études,essentiellement dans la tranche des moins de 18 ans. Vingt-six pour cent avaient pourtant déjà un emploi ou étaient inac-tifs.

Dans 44 % des cas, une démarche personnelle avait amenéces jeunes fumeurs à consulter. Un médecin hospitalier avaitorienté le jeune fumeur vers la consultation de tabacologie dans21 % des cas. Il s’agissait d’un pédiatre (48,4 % des cas), d’unpneumologue (19,4 %), d’un gynécologue (12,9 %). Cinq pourcent des jeunes filles étaient enceintes. Dans plus d’un tiers descas (35 %), les modalités de la prise de contact avec la CDTn’étaient pas précisées.

2.2. Caractéristiques médicales

Un asthme était présent dans 19 % des cas. Treize pour centde ces jeunes fumeurs déclaraient avoir eu un épisode dépressifayant entraîné un arrêt de leurs activités. Six pour cent avaientun score D-HAD supérieur ou égal à 11 et 34 %, un score A-HAD supérieur ou égal à 11, cette caractéristique d’anxiétéétant plus souvent retrouvée chez les jeunes filles (p < 0,02).Une consommation d’anxiolytiques et d’antidépresseurs étaitconstatée, respectivement dans 7,5 et 6,9 % des cas, chez cesjeunes fumeurs. Le score D-HAD était plus souvent anormalchez les jeunes avant 18 ans (p < 0,05) dont 10,7 % prenaientdes médicaments psychotropes. Le mésusage d’alcool était

Tableau 1Statut tabagique et données psychologiques des 321 adolescents enregistrés dans la

< 18 ansNombre = 321 Nombre = 119Statut tabagiqueÂge moyen 15,9Âge de début du tabagisme (moyenne) 13,2Consommation journalière de cigarettes (moyenne) 14,4Test de Fagerström (moyenne) 4,8Test de Fagerström < 5 (%) 39,7Test de Fagerström de 5 à 6 40,5Test de Fagerström ≥ 7 19,8Taux de CO expiré en particules par million (moyenne) 24,2Données psychologiquesAntécédent déclaré de dépression (%) 13,8Test A-HAD (score moyen) 9,7Test A-HAD ≥ 11 (%) 45,7Test D-HAD (score moyen) 5,2Test D-HAD ≥ 11 (%) 9,5HAD : hospital anxiety depression.

retrouvé chez 6,5 % des jeunes (test DETA supérieur ou égalà deux).

2.3. Comportement et dépendance tabagique

La consommation quotidienne de cigarettes était enmoyenne de 15,3 (extrêmes 2–40) comparable chez les filleset les garçons. L’âge moyen au moment du début de laconsommation de tabac était de 13,2 ± 2 ans (extrêmes : 7–17). Le test de Fagerström montrait une dépendance forte pour24,1 % des jeunes. La dépendance physique au tabac n’étaitpas différente entre les garçons et les filles (Fig. 1). Le tauxde CO expiré était élevé, 70 % des jeunes ayant un taux supé-rieur ou égal à 15 (Tableau 1 et Fig. 2). Cinquante pour centdes adolescents n’avaient jamais effectué de tentatives desevrage ayant duré plus d’une semaine.

base nationale informatisée CDTnet

Filles Garçons18 ans < 18 ans 18 ansNombre = 65 Nombre = 99 Nombre = 43

18 16 1813,8 12,7 14,116,6 14,2 18,55 4,5 5

35,9 48,5 40,534,4 28,9 28,629,7 22,7 3123,5 22,7 23,2

14,1 12,4 9,58,8 7,6 9,4

32,8 23,7 28,54,3 4,6 4,81,6 7,2 2,4

Fig. 2. Répartition du score moyen au test de Fagerström et du taux moyen deCO expiré en fonction de l’âge.

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2.4. Traitements instaurés

Un traitement de substitution nicotinique avait été prescritdans tous les cas : gommes à mâcher, associées à des compri-més sublinguaux dans 6,7 % des cas et à des inhalateurs pour6,1 %. Les timbres avaient été prescrits chez 21,4 % des jeu-nes. Un seul fumeur âgé de 18 ans avait eu une prescription deZyban® (bupropion). Des séances de thérapie cognitivocom-portementale avaient été prescrites dans 18,8 % des cas. Uneprescription de psychotropes a concerné 7,7 % des jeunes :41,7 % avaient moins de 18 ans.

2.5. Suivis

Cent dix-sept patients ont été revus au moins une fois dansun délai d’un mois après leur première visite soit un taux desuivi de 36,4 % et 56 jeunes ont bénéficié de plus de deuxconsultations de suivi (17,4 %). Un arrêt du tabagisme a éténoté pour 36,2 % des jeunes à la deuxième consultation. Cetarrêt a concerné autant de filles que de garçons. Cependant,12,8 % des jeunes revus avaient rechuté après une premièrepériode d’arrêt au cours de la période de suivi.

3. Discussion

Le pourcentage extrêmement faible de jeunes de moins de19 ans s’adressant aux consultations de tabacologie CDT aucours de la période 2001–2005 nous a surpris. L’analyse desdonnées 2001–2003 avait effectivement permis de mettre enévidence une sous-représentation des fumeurs les plus jeunes[10]. Les jeunes fumeurs, pour lesquels l’arrêt serait béné-fique en termes de morbidité et mortalité évitées, ne fréquen-tent pas les consultations de tabacologie. Une première rai-son est sans doute le degré insuffisant de la motivation àl’arrêt à cet âge. En outre, la localisation hospitalière de

ces consultations peut constituer un obstacle important auxdemandes de sevrage de ce groupe de population. Enfin, ilexiste certainement une méconnaissance de l’existence desconsultations de tabacologie par les professionnels s’occu-pant d’adolescents ou du moins, de l’accueil possible de jeu-nes dans ces consultations.

La validité des résultats obtenus par cette étude transversaledoit être discutée. Pour certaines variables médicales recueil-lies, il est possible que des biais de déclaration soient interve-nus, même si les informations consignées par le fumeur dansl’autoquestionnaire étaient revues par les tabacologues lors del’entretien individuel ou de groupe. Ainsi, pour la consomma-tion de tabac, le recueil des données comporte des incertitudes.Seule la consommation de cigarettes est enregistrée et toutesles autres consommations de tabac sont traduites en« équivalent-cigarette ». Ce mode de recueil a pu conduire àune sous-estimation du nombre de cigarettes fumées, notam-ment, pour ce qui est de la consommation du tabac à roulerdont la consommation a quasiment doublé entre 1999 et2003, passant de 24,3 à 47 %, ce qui s’explique certainementpar son prix inférieur à celui des cigarettes [14]. Pour les coad-dictions autres que l’abus ou la dépendance à l’alcool, l’impré-cision de la variable « autres dépendances » a rendu impossiblel’interprétation des données. La formulation peu précise, quiavait été choisie pour des raisons de confidentialité du dossierinformatisé, n’a pas permis de connaître le type de produitconsommé et d’en apprécier les modalités de consommation,en particulier pour le cannabis. En effet, un usage régulier decannabis est actuellement retrouvé chez plus de 50 % des ado-lescents fumeurs quotidiens [15]. Cela contribue à sous-estimerle nombre de cigarettes, puisque le « joint » comporte toujoursun mélange de résine et de tabac provenant d’une cigarette.Cependant, la bonne concordance dans les résultats d’inter-rogatoire sur les variables de consommation tabagique, en par-ticulier le nombre de cigarettes fumées journellement, le test deFagerström et le résultat de la mesure du CO, démontre globa-lement l’exactitude de ces trois informations, recueillies indé-pendamment les unes des autres. Pour mieux appréhender laconsommation de cannabis dans la population consultant dansles centres CDT, une évaluation de la fréquence de sa consom-mation a été introduite dans la nouvelle version du dossier detabacologie, après accord de la CNIL. Le recueil de la consom-mation de cannabis permettra de savoir quelle proportion dejeunes parmi les consultants continue à fumer des joints touten renonçant à la consommation de cigarettes. En effet, lademande de sevrage tabagique sans souhait d’arrêt de consom-mer des joints se rencontre en pratique clinique [16]. Or, lesdonnées de la littérature montrent que les utilisateurs de canna-bis ont une dépendance tabagique qui s’installe plus précoce-ment, qui est plus intense [17] et qui conduit à un arrêt de tabacplus tardif [18]. Ces données conduisent à préconiser unsevrage global tabac—cannabis aux nombreux jeunes concer-nés par cette coaddiction. La généralisation de ces résultats doitégalement être discutée car les consultations de tabacologie quiparticipent au programme CDT ne correspondent pas à unéchantillon représentatif tiré au sort des consultations de taba-cologie du territoire national.

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Malgré les limites mentionnées, notre étude comporte desfaits originaux. En effet, les principales données disponibleschez les adolescents fumeurs proviennent des enquêtes natio-nales représentatives telles que ESPAD (european School sur-vey on alcohol and other drugs) [19], de l’Enquête sur la santéet les consommations lors de l’appel de préparation à ladéfense (ESCAPAD) [15] et du Baromètre santé de l’Institutnational de prévention et d’éducation à la santé [20]. Mais iln’existait pas à notre connaissance d’études décrivant les carac-téristiques des jeunes fumeurs s’engageant dans une démarchede sevrage tabagique en France. La population des jeunesfumeurs enregistrés dans les CDT est très spécifique. Ellen’est pas représentative de la population des jeunes de 12 à18 ans, mais elle correspond à une population ciblée ayant eurecours à une aide médicale spécialisée. Une démarche person-nelle était à l’origine de la consultation chez 44 % de ces jeu-nes, ce qui diffère sensiblement des données qualitativespubliées au Royaume-Uni [21]. En effet, le souhait d’arrêt necorrespond pas toujours à une motivation réelle. Pour ce qui estde nos données, la faible compliance au premier rendez-vousde suivi (36,4 %) peut être un témoin de la fluctuation au coursdu temps de la motivation à l’arrêt du tabac. Il serait intéressantde savoir à quel stade de changement de comportement cesadolescents se situent sur l’échelle de Prochaska [21]. En par-ticulier, il faudrait différencier ceux qui sont au stade« indécision » de ceux qui sont au stade « action », prêts àune tentative de sevrage. Dans cet objectif, il serait nécessaired’étudier systématiquement le degré de motivation en utilisantà la fois une échelle visuelle analogique et un questionnaire demotivation à l’arrêt du tabac. En outre, des professionnels desanté sont intervenus dans 22 % des cas pour orienter les jeu-nes vers les consultations de tabacologie, en particulier en rai-son de l’existence d’une affection pulmonaire (19 % d’asthme)ou d’une grossesse.

La consommation tabagique avait débuté en moyenne à13,2 ans, ce qui correspond à l’âge d’initiation tabagique del’étude ESCAPAD 2003, bien que ces deux populations nesoient pas comparables (13,6 ans) [2]. La prédominance dejeunes filles dans ces consultations peut être partiellementexpliquée par une orientation par les services de gynécologiedu fait d’une grossesse (5 % étaient enceintes).

Les jeunes consultants étaient sans doute dans des situationsinstables puisque 26 % n’étaient pas scolarisés, ce qui pourraitfaire présager une situation sociale difficile. De plus, cette idéed’isolement social est renforcée par la présence de troublespsychologiques ayant nécessité une prescription de psychotro-pes chez 10,7 % des consultants. Ces situations particulièrespeuvent être une explication à la forte dépendance au tabacretrouvée chez ces adolescents s’adressant aux CDT. En effet,la consommation de cigarettes chez ces 13–18 ans était impor-tante (62,7 % fumaient plus de dix cigarettes par jour, 15,3cigarettes par jour en moyenne) et la dépendance tabagiqueétait forte (score de Fagerström supérieur ou égal à sept dans24,1 % des cas). Dans les données françaises, une forte dépen-dance tabagique était retrouvée dans 12 % des cas au cours del’enquête ESCAPAD 2003 : le mini-Fagerström avait été uti-lisé en modifiant la première question du test pour l’adapter à

la situation de l’adolescent : fumer sa première cigarette avantle réveil ou avant de quitter son domicile [15]. En effet, certai-nes questions du test de Fagerström ne sont pas adaptées aucomportement tabagique de l’adolescent. Le délai de la pre-mière cigarette est souvent plus important en raison descontraintes familiales ; le nombre de cigarettes n’a pas encoreatteint chez le fumeur adolescent son maximum (ce qui sur-vient généralement autour de 25–30 ans). Le test classiquetend donc à minimiser le score du questionnaire de Fagerströmet le pourcentage d’adolescents avec forte dépendance est doncvraisemblablement plus élevé. La Fig. 2 montre ainsi un tauxde Fagerström en fonction de l’âge qui reste moyen dans nosdonnées et pourtant associé à un taux de CO expiré élevé.L’utilisation d’un test de dépendance adapté à l’adolescent (lehooked on nicotine checklist, HONC) devrait être systémati-quement proposée aux jeunes fumeurs [22]. Ainsi, ce test serainclus dans la version 2007 du dossier CDT.

Le mésusage d’alcool n’a été rapporté que chez 6,5 % desconsultants, ce qui peut s’expliquer en partie car les femmesétaient surreprésentées chez les jeunes fumeurs consultantdans les CDT et que la consommation régulière d’alcool desadolescentes est inférieure à celle des adolescents [15]. Il estpossible que le test DETA ne soit pas adapté aux jeunesfumeurs car ce test porte sur la consommation d’alcool aucours de la vie entière. Il est probable que l’utilisation del’alcohol use disorders identification test (AUDIT) aurait étépréférable en raison de la plus grande sensibilité de ce testdans un objectif de dépistage [23].

Dans l’étude de Chabrol et al., 20 % seulement des jeunesétaient prêts à se faire aider médicalement [9]. Toutefois, ilsenvisageaient l’emploi de substituts nicotiniques. Cette diffé-rence de recours aux soins spécialisés peut s’expliquer par leniveau de dépendance différent de ces deux populations defumeurs. En effet, dans notre étude une dépendance forte autabac était retrouvée chez 24,1 % des jeunes versus 14,6 %seulement dans l’étude de Chabrol et al. [9]. Cette différencepeut partiellement s’expliquer par le fait que la populationCDT était sélectionnée, constituée majoritairement, soit de jeu-nes fumeurs consultant spontanément pour un tabagismesévère n’ayant pu s’arrêter seuls, soit de jeunes patients suivisen milieu hospitalier.

Enfin, un des faits importants de cette série est la fré-quence des troubles psychopathologiques anxiodépressifs.L’antécédent de dépression, notion purement déclarative,devrait être confirmé au cours d’un entretien psychologiqueindividuel utilisant les critères de « dépression vie entière »du DSM IV [24], les items du CES–D [25] ou le beckdepression inventory (BDI) [26]. Toutefois, le diagnosticd’état dépressif est difficile à porter chez l’adolescent carles formes à symptomatologie larvée sont nombreuses et dif-ficiles à reconnaître, et leur humeur est fluctuante d’où lanécessité de multiplier les échelles utilisées. De fait, le pour-centage d’adolescents en population générale présentant unscore HAD-D supérieur ou égal à 11 n’est pas connu enFrance. Par ailleurs, des tests évaluant d’une part les troublesdes conduites et d’autre part, la personnalité de l’adolescentserait à recommander pour adapter la prise en charge. Enfin,

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une meilleure approche de la motivation à arrêter de fumeraurait pu être utilisée par le test QMAT ; ainsi, les stratégiesvisant à encourager la motivation ont montré un intérêt dansle cadre du sevrage tabagique [27].

Dans les consultations CDT qui participent au programmenational, un traitement de substitution nicotinique a été prescritdans tous les cas. Les psychotropes ont aussi été utilisés pourcette population jeune (7,7 %) en raison des composantesanxieuses et dépressives retrouvées chez ces adolescents etdes troubles comportementaux liés à l’arrêt du tabac (nervosité,irritabilité, tristesse, trouble du sommeil). Les thérapies cogni-tivocomportementales, qui pourraient constituer une alternativeà ces traitements ou une aide supplémentaire sont encore peurépandues (18,8 %) dans ces consultations faute de moyens. Enoutre, l’efficacité des substituts nicotiniques sur le sevragen’est pas validée chez les jeunes. Les données de la littératurefournissent des résultats contradictoires. Ainsi, dans l’étude deHanson et al., tout était fait pour faciliter la motivation àl’arrêt : les timbres étaient fournis gratuitement, les participantsrecevaient $50 à chaque visite et une prime supplémentaire encas d’arrêt validé par la mesure d’un taux de CO expiré infé-rieur à huit ppm [28]. Malgré cela, le pourcentage d’arrêt enfaveur du groupe traité par rapport à un placebo, significatif àla deuxième et quatrième semaine, ne l’était plus à la huitièmeet la dixième semaine de l’étude. Cependant, le traitement desubstitution nicotinique avait entraîné une diminution dessymptômes de sevrage et une réduction du nombre de cigaret-tes fumées quotidiennement avec une baisse du CO dans l’airexpiré. Toutefois, pour Moolchan et al., les timbres nicotini-ques ont été efficaces sur le sevrage en association avec unethérapie cognitivocomportementale par rapport au groupe pla-cebo dans un essai randomisé contrôlé (p < 0,04) [29]. Dansnotre série, nous ne savons pas si les traitements de substitutionnicotinique ont été systématiquement utilisés et ce d’autantplus qu’ils n’étaient pas encore pris en charge par la sécuritésociale dans le cadre d’un forfait annuel.

Pour mieux prendre en considération les difficultés des jeu-nes fumeurs souhaitant débuter un sevrage en France, il seraitsouhaitable de pouvoir les interroger. Selon une étude qualita-tive menée au Royaume-Uni auprès de jeunes fumeurs (13–16 ans) motivés pour arrêter de fumer à partir d’un échantillonrandomisé de dix écoles, il apparaît que ceux-ci étaient nom-breux à connaître les méthodes d’aide au sevrage tabagiquemais ils en avaient une perception d’inefficacité. Peu d’entreeux étaient au courant de la possibilité d’un soutien profession-nel lors d’un sevrage tabagique. Les enquêtés exprimaient leurintérêt pour des services d’aide au sevrage tabagique en milieuscolaire, permettant des conseils professionnels, l’obtentiond’un traitement de substitution nicotinique gratuit et garantis-sant une confidentialité [30].

4. Conclusion

Dans notre étude, très peu de jeunes de moins de 19 ans onteu recours aux consultations de tabacologie pour leur sevrageentre 2001 et 2005 par rapport à l’ensemble des consultants

(1,3 %). Il est possible que la localisation essentiellement hos-pitalière de ces consultations soit un frein à l’accès aux soinsspécialisés des jeunes fumeurs. Les 321 jeunes vus en consul-tation de tabacologie étaient fortement dépendants et avaientsouvent des troubles psychologiques importants. Ces résultatsméritent d’être connus pour permettre des interventions adap-tées d’aide au sevrage tabagique chez les adolescents fumeurs,notamment en milieu scolaire.

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